Mouse On Mars - Parastrophics

Sur Mars, personne ne vous verra danser comme des idiots en vous jetant la tête contre les dunes. Merci qui ?

1. The Beach Stop
2. Chordblocker, Cinnamon Toasted
3. Metrotopy
4. Wienuss
5. They Know Your Name
6. Syncropticians
7. Cricket
8. Imatch
9. Polaroyced
10. Gearknot Cherry
11. Bruised To Imwimper
12. Baku Hipster
13. Seaqz

date de sortie : 27-02-2012 Label : Monkeytown Records

Pionniers d’une IDM dada prompte à partir dans tous les sens avec des albums tels que Niun Niggung ou Idiology au tournant des années 2000, les Allemands de Mouse On Mars s’étaient essayés en novembre dernier à l’électro orchestrale avec la pièce Paeanumnion, interprétée au Barbican de Londres en compagnie de l’ensemble contemporain musikFabrik. Un expérience qui allait forcément influer, pensait-on alors, sur ce Parastrophics, première sortie en duo de Jan St. Werner et Andi Toma depuis le fabuleux Vacharz en 2006.

Eh bien que nenni. Sur ce dixième opus en près de 20 ans de carrière, c’est le Mouse On Mars mélangeur et haut en couleurs des albums précédemment cités - le bling-bling assumé en plus et les incursions jazzy en moins - que l’on retrouve avec un plaisir non dissimulé, comme si le temps ne s’était jamais écoulé. Ce qui tombe finalement plutôt bien, les laborantins de Westphalie ayant toujours été en avance sur leur temps avec ces collages déconstruits aussi jouissifs que barrés, à la croisée de la pataphysique musicale de The Books (cf. Bruised To Imwimper) et de l’univers tout aussi absurde mais plus discoïde d’un Siriusmo chez Monkeytown Records, écurie de Modeselektor (eux-mêmes fans de longue date comme on l’imagine) qui publie justement ce nouvel opus et à laquelle Mouse On Mars offre avec des titres tels que They Know Your Name ou Polaroyced de parfaits petits hymnes à danser sur la tête.

Autant dire qu’on est loin ici de la cohérence d’un Vacharz aux déstructurations nettement plus abstraites et radicales, Mouse On Mars optant plutôt pour un retour au glitch kaléidoscopique d’antan et à ses sonorités 8-bit un peu old school pour mieux s’en aller fureter aux quatre coins du spectre musical, comme en 2007 avec l’incandescent Tromatic Reflexxions de Von Südenfed mais en troquant le krautrock, le blues ou la bossa-nova contre des préoccupations exclusivement électroniques - des syncopations futuristes de la beat scene de Los Angeles sur Chordblocker, Cinnamon Toasted au baile funk versant dancefloor sur Baku Hipster en passant par l’électronica d’inspiration asiatique sur Cricket, la house sur Wienuss ou encore une sorte de post-dubstep hédoniste avec Syncropticians, qui semble parodier James Blake tout en gardant un œil sur les élégantes expérimentations aquatiques de Leila.


Ainsi, qui dit recyclage ne veut pas forcément dire passéisme et si l’on excepte les distorsions datées du poussif Imatch ou la techno déliquescente de l’efficace Seaqz final qui donne l’impression de payer tribut à Mr. Oizo, le groupe a toujours un regard neuf à proposer sur les croisements qu’il aborde, qu’il s’agisse de s’attaquer à une musique de chambre synthétique libérée de tout carcan formaliste avec l’exalté The Beach Stop en intro, ou aux mashups des clubs branchés d’aujourd’hui le temps d’un Metrotopy décadent et perpétuellement surprenant. Quant au sens, ni plus ni moins que chez Marcel Duchamp, c’est par son absence apparente qu’il éclaire cette démarche purement formelle, critique en creux de la versatilité des courants et des modes qui refuse de faire étalage de son intelligence pour le plus grand bonheur de nos oreilles.

Chroniques - 06.03.2012 par RabbitInYourHeadlights
 


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