POulbO - Stringed Civilisation

Dans la foulée de l’Aixois 7even Sun, ce quatrième opus en quatre ans du Niçois POulbO vient confirmer qu’en termes de ressemblances avec la Californie, le Sud-Est de la France a désormais autre chose à proposer que sa sécheresse estivale et ses plages noires de monde.

1. Triangle Ephemeral
2. Sound Of Wisp
3. NoWhere Street
4. Savannah
5. A Call From Mind
6. Pyramid
7. Not A Real Thing
8. Call Someone
9. I Can’t Take That Way
10. To Raise Our Sleep Together
11. Summer Noise Voir la vidéo POulbO - Summer Noise
12. Satellite Dish (feat. Heartc0re) Voir la vidéo POulbO - Satellite Dish (feat. Heartc0re)
13. Some Tapes
14. Spacecraft Floating On Milk
15. Heart Scream
16. Invisible Things
17. Mystery
18. Heliocentrisme
19. Cave
20. Try Try
21. Energy
22. Sphinx
23. A Wire Between Us
24. Smile In Deguise
25. November
26. Road
27. Crystal Cave
28. Night
29. Slow Driver
30. Chlorine

date de sortie : 19-02-2012 Label : Autoproduction

Finalement, ce qu’on aimait le moins sur le prometteur Children Of Teratapolis, troisième album autoproduit de POulbO qui alternait par ailleurs à l’automne dernier rêveries glitch post-classiques au piano, comptines électro acides et candides façon Richard D. James entre autres trips discoïdes plus hédonistes et dispensables, c’était la référence appuyée à James Blake de The Girl On The Rock, avec sa soul minimale dubbée et vocodée aux allures d’hommage un peu vain.

Une influence qui reparaît pourtant mûrie sur Stringed Civilisation, nouvel opus encore plus gargantuesque que le précédent (à 17 titres en succèdent pas moins de... 30 !) témoignant d’une évolution proprement impressionnante dans les techniques et l’inspiration du Niçois. Comment aurait-on pu imaginer qu’en seulement trois mois ses productions gagneraient à ce point en densité, en virtuosité, en élégance même, s’aventurant sur le terrain des beatmakers cosmiques de la scène de Los Angeles sur le kaléidoscopique Not A Real Thing ou l’hypnotique A Call From Mind aux samples de piano hachés, multipliant les distorsions en miroir avec l’épique Savannah ou l’halluciné Cave, jouant du contraste entre une mélodie acoustique et des breakbeats en apesanteur le temps de l’éthéré Call Someone à la croisée d’Alias et Depth Affect pour finalement rivaliser de grâce analogique avec Plaid sur un Some Tapes aux programmations oniriques aussi tortueuses qu’épurées.

Le clip fait maison du lyrique Satellite Dish, fourmillant de sensations impressionnistes à l’image du morceau emballé par les percussions ferventes d’un certain Heartc0re.

En pleine possession de ses moyens, POulbO ose le chant clair sur le glitchy et gracile I Can’t Take That Way, impose la mélancolie d’un ukulélé au milieu des nuages électroniques d’Heliocentrisme, et quand il s’agit, donc, de se frotter au fameux post-dubstep de cette nouvelle génération anglaise décriée par les puristes du genre, pas question pour le musicien de basculer dans le mainstream : avec un triptyque d’intro feutré et quasi parfait aux bribes de voix éparses (dont deux titres à télécharger ici), on est plus proche de Rumpistol ou Debian Blak que de Jamie Woon, tandis que Road opte cette fois pour la distance salvatrice d’une approche quasi dadaïste en s’attaquant de nouveau au surestimé James Blake.

Éclaté dans ses humeurs et ses compositions mais idéalement cohérent dans ses sonorités psyché et prismatiques, de belle tenue d’un bout à l’autre de son généreux tracklisting qui certes déroule en fin de parcours mais non sans prendre le temps de semer quelques précieuses pépites en chemin (de l’introspection délicate de Crystal Cave à la chillwave romantique de Chlorine en passant par le concassage martial de Slow Driver), gageons que ce Stringed Civilisation de prime abord difficile à épuiser saura enfin positionner son auteur sous le feu des radars d’un label digne de ce nom.

Chroniques - 20.02.2012 par RabbitInYourHeadlights
 


Articles // 9 janvier 2013
2012, année du dragon ?

Chaque année, à partir de la fin novembre, les tops annuels pleuvent. Et chaque année, l’intérêt de l’exercice me semble de plus en plus limité tant les similitudes entre ces prétendus classements indépendants sont criantes. A ce petit jeu, outre l’utilisation assumée - mais espérons-le, non narcissique - du "je", les lignes qui suivent n’auront pas pour (...)