Particulièrement brillant en format court, de Vemeer enregistré en 2007 sous le pseudo Aparatec à Helvetica deux ans plus tard en passant The Decadent EP dont on vous disait déjà le plus grand bien à l’époque de sa sortie, l’Anglais Ryan Lee West peine quelque peu à confirmer sur album. Après avoir livré en 2009 un IO réussi mais plus cadré qui gagnait en efficacité ce qu’il perdait en singularité et en mélancolie, c’est ainsi à la croisé de l’IDM et du pur clubbing à la Ed Banger que nous revient le talentueux beatmaker de Leicester avec ce deuxième opus bien loin de perpétuer l’héritage d’Autechre et Aphex Twin qu’on lui prêtait encore il y a quelques années.

Révélé titre par titre sur onze semaines avant sa sortie officielle fin juin toujours chez Erased Tapes, label des Ólafur Arnalds (dont le projet minimal techno Kiasmos avait justement vu il y a deux ans la sortie d’un split 12" avec West), The British Expeditionary Force, Codes In The Clouds (tous deux remixés par le bonhomme) ou encore Nils Frahm (ici au mastering) et dont le patron Robert Raths s’est chargé comme souvent de l’artwork, Kid Velo n’en vaut pas moins tous les Yuksek et les Justice du monde (on aurait tout aussi bien pu citer Daft Punk, cf. la guitare funky aux solos distordus de Guitari) quand on en vient aux plaisirs du dancefloor, moins coupables qu’à l’accoutumée grâce à un refus de l’esbroufe et des effets faciles voire dans ses meilleurs moments un sens de la rupture intact et une tendance à la déliquescence synthétique digne d’un bon vieux set techno de Mr. Oizo. C’est discoïde, minimal, catchy voire carrément hymnique mais jamais vulgaire et toujours à échelle humaine, au point d’en terminer sur l’ambient à la Eno d’un After Ed. en forme de gueule de bois, ce moment au lendemain de la soirée (ou en l’occurrence au sortir de l’université dixit Ryan et le clip officiel ci-dessous) où l’on reprend conscience d’un avenir toujours aussi désespérant :

Autant dire qu’il fait bon s’échapper de temps à autre, par la fête ou alors par le rêve pour les allergiques au gros son qui pourront toujours se rabattre sur Jan, bonus tout en progression aérienne de la dernière compilation Erased Tapes.