Dans une ancienne vie, au tout début des années 2000, FRKSE s’appelait Rajbot et son hip-hop transcendantal mais irrégulier était alors à mille lieux de celui qu’il nous donne à entendre ces jours-ci. D’ailleurs s’agit-il réellement de hip-hop ? Difficile à dire mais fondamentalement, oui. Toutefois, les accents industriels et sombres que celui-ci revêt emmène FRKSE aux frontières de plusieurs genres, dans un espace indéterminé mais qu’il faut explorer de toute urgence.

On trouvera pêle-mêle dans cet éponyme des samples de musique indienne (tribut payé aux origines de FRKSE), des basses énormes, des guitares incisives de-ci de-là, des beats pachydermiques un peu partout qui peuvent également se montrer agressifs, des accents électroniques tirant vers l’angoissant et une production lo-fi qui sied parfaitement aux atmosphères distillées tout au long de ces dix-neufs titres. Le résultat est labyrinthique, résolument original et varié, alternant passages contemplatifs qui plongent l’auditeur dans une transe ouatée pour mieux le réveiller à coup de décharges noise/industrielles désolées et fracassées l’instant d’après.

Franchement addictive, la musique de FRKSE pousse le cortex à arpenter des chemins bordés d’une végétation luxuriante et sauvage où l’on a un peu peur de s’engouffrer de prime abord mais au bout desquels, pourtant, s’érige un édifice de toute beauté et vraiment singulier, à l’image de la Tour de Babel ornée des bras de Shiva sous un ciel lourd de menaces signée Albane que montre la pochette. Une belle et grande claque dont je ne saurais trop vous conseiller l’écoute.

On notera enfin que la cassette couleur olive est disponible sur le site de l’excellent label français Cooler Than Cucumbers contre quatre minuscules euros. À bon entendeur...