Siskiyou - Siskiyou
Lorsque Colin Huebert, ancien membre des Great Lake Swimmers, et Erik Arnesen, toujours actif au sein du collectif canadien nous proposent un doux voyage, le résultat est extrêmement déroutant...
1. Funeral Song
2. Everything I Have
3. Hold It In
4. Pull It Away
5. It’s All Going to End
6. Useless Anymore
7. This Land
8. Never Ever Ever Ever Again
9. Inside of the Ocean
10. We All Fall Down
11. Big Sur
12. Brevity and Insult
Il existe une catégorie de disques qui s’écoutent tout seul. Il suffit de les poser sur la platine et de se laisser guider là où l’artiste souhaite nous faire voyager. Tout est réglé comme du papier à musique et les morceaux s’enchaînent à merveille...
Siskiyou est tout sauf cela. Rarement un disque n’aura été aussi difficile à chroniquer. Car si cet album possède de multiples qualités sur lesquelles nous reviendrons plus tard, il serait aisé pour n’importe quel auditeur d’en dresser un portrait peu élogieux. La faute à des morceaux qui semblent, de prime abord, peu aboutis. Plus de la moitié des chansons de l’album ne dépassent ainsi pas les deux minutes.
Et si le raccourci entre la courte durée des compositions et le fait qu’elles ne soient pas toujours abouties peut sembler primaire, cette impression est sans doute renforcée par certaines transitions passant du coq à l’âne. Enfin, effet de dominos oblige, le disque lui aussi est relativement court, et le fait que ce voyage ne dure que trente trois minutes ne nous permettra pas de rattraper le portrait peu glorieux dressé jusqu’à présent de ce Siskiyou. Une jolie déception en somme ?
Et non. Car il réside dans cet album une énigmatique touche personnelle, une incitation au voyage, qui pousse l’auditeur à multiplier les écoutes. Et malgré une hétérogénéité indéniable en terme de registres abordés, les compositions sont brillantes, les mélodies inspirées et la maîtrise technique du groupe crève les yeux. L’immersion totale dans cette musique se mérite, et c’est souvent le signe des grandes œuvres.
C’est finalement un album explorant les contrastes que nous offre Colin Huebert. En effet, certaines pistes ont été enregistrées dans de petites pièces exiguës (chambres d’hôtels, salle de bain, escaliers), quand d’autres l’étaient dans de vastes aires (sur des toits ou des plages de la région de Vancouver). Cette hétérogénéité dans les enregistrements n’est donc pas liée à un manque de travail, mais à une volonté réelle.
Replongeons-nous dans les compositions en elles-mêmes. Difficile d’en déterminer les influences récurrentes tout au long de l’album (on évitera de citer celle, évidente, des Great Lake Swimmers), puisqu’on pense tantôt à Sparklehorse (la rythmique de Pull It Away), à Eels (l’introduction de Hold It In), ou encore à Sufjan Stevens, et pas seulement pour l’utilisation du banjo (We All Fall Down). Celle de Hood est également perceptible. On est dans le même esprit, il s’agit là d’un disque hivernal.
Mais chroniquer cette galette sans évoquer l’enchaînement This Land, Never Ever Ever Ever Again serait criminel. On tient là, en milieu d’album, son véritable sommet. Le premier de ces deux morceaux nous entraîne ainsi, avec une rythmique originale et à la coloration presque joviale, sur des terrains que l’on imagine sombres, la faute à ces quelques bruits déroutants et difficilement identifiables. Album de contrastes... Le deuxième de ces morceaux, plus rock, plus grave, nous surprend avec ses envolées pleines d’espoir...
Ce qui devait à la base n’être qu’un album bizarrement arrangé se révèle subtil. Et ce que l’on reprochait à Siskiyou finit par ne plus peser bien lourd à côté des qualités dont les canadiens font preuve ici.
Siskiyou - This Land
Un top janvier mi-mars, c’est un peu le monde à l’envers mais finalement ça colle puisqu’il est justement questions d’univers sens dessus-dessous dans cette sélection. Une Björk à coeur ouvert prise dans la tourmente d’une rupture, Aphex Twin délaissant les beats pour une vraie batterie et des bribes d’acoustique mutante, The Fucked Up Beat qui groove (...)
Malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour le premier album de Siskiyou, difficile à l’époque de justifier la présence de ce duo sur le label Constellation.
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