Top albums - octobre 2010
L’attente, devenue coutumière pour les votants du Forum Indie Rock qui ont rarement un mois à passer sans quelques sorties longuement anticipées, a revêtu les formes les plus diverses en ce mois d’octobre dont les lauréats au nombre de cinq arpentent également des univers diamétralement opposés. Rapide tour d’horizon en prose, en images et bien sûr en musique.
1. Teebs - Ardour
Ras_G tournant un peu en rond, Strangeloop n’ayant pas encore confirmé sur album (en dehors du DVD de son projet audiovisuel 2010 ) et Lorn pas réellement convaincu avec Nothing Else en juin dernier, on attendait toujours une vraie révélation du côté du label Brainfeeder très en vue depuis sa création par Flying Lotus il y a près de deux ans maintenant. Et voilà que débarque Teebs, adoubé par Daedelus - avec lequel le jeune Mtendere Mandowa partage une certaine idée du romantisme doublée d’une virtuosité jazzy et vient de signer le sixième EP des LA Series - et couvé par l’auteur de Cosmogramma en personne qui l’aura soutenu pendant les deux années qu’auront prises la composition et l’enregistrement d’ Ardour, premier opus qui le propulse aujourd’hui directement au côté de Take, Baths ou Shlohmo parmi les beatmakers les plus talentueux de la galaxie glitch-hop de Los Angeles. Un album magique, qui explore en 18 micro-symphonies éclatées une veine séraphique et organique dont les percussions délicatement éthérées et les syncopes cosmiques appuyées sur fond de brumes paradisiaques ou plus mélancoliques convoquent aussi bien Four Tet que Prefuse 73 ou même Apparat.
1. Florent Marchet - Courchevel
Ce troisième opus de Florent Marchet (lire notre chronique) avait tout pour décevoir les attentes. Une durée frisant la fumisterie, une ambition fortement revue à la baisse après les amples mouvements narratifs de Rio Baril, un premier single aux allures bonhommes... mais voilà, le Berrichon ne manque pas de talent et à l’image de ce Benjamin au refrain porteur de toute la détresse post-adolescente de l’album précédent, les chansons de Courchevel, malgré la variété des thèmes abordés, des points de vue empruntés et des influences brassées par des arrangements discrets mais toujours justes (cf. les accords de piano désespérés du fabuleux L’eau de rose ou les dissonances en toile de fond du poignant Pourquoi êtes-vous si triste ?), finissent le plus souvent par faire mouche et révéler en creux les peurs et les fêlures de l’artiste, qu’elle soient ancrées dans l’hypersensibilité de l’enfance, dans l’inadaptation présente ou dans l’anticipation d’un avenir sans bonheur possible.
1. Warpaint - The Fool
Repérées depuis quelques mois sur notre forum, les californiennes de Warpaint monopolisaient les regards de l’intelligentsia pop depuis leur EP Exquisite Corpse de l’an dernier dont le mariage d’ivresse mélancolique et de tension guitaristique aux recoins un peu dark avait suffi à leur assurer la réputation de "nouvelles Siouxsie". Confirmation éclatante et habitée pour certains, nouvelle preuve des passions aussi soudaines que périssables de la presse spécialisée pour d’autres, The Fool pourtant divise déjà les foules : coup de maître du revival new wave marqué par les guitares ciselées des Smiths et les rythmiques sans concession de The Cure ou collection de bluettes gentiment tourmentées aux charmes insipides, on vous laisse seuls juges, l’alternative étant comme souvent de profiter un temps de l’enivrement passager avant de passer à autre chose une fois l’année écoulée.
4. Sufjan Stevens - The Age Of Adz
Cela faisait cinq longues années que Sufjan Stevens était cité en exemple, après nous avoir offert l’incroyable Illinoise que l’on ne présente plus. Toujours à l’honneur, faisant systématiquement office de mètre-étalon lorsqu’il s’agissait de mettre à l’épreuve la nouvelle sensation folk du moment, il y avait de quoi devenir un peu fou pour ce toujours jeune compositeur de génie. Et l’inévitable arriva, comme Radiohead en 2000 avec son Kid A, Sufjan Stevens a perdu la boule, ne supportant que modérément l’image qui lui collait à la peau et refoulant son malaise sur des machines assassines au rendu diamétralement opposé au répertoire originel de l’Américain. On pourra dire et penser tout et son contraire (y compris chez nous) de ce revirement de style, toujours est-il que malgré ses allures inhospitalières, ce surprenant The Age of Adz a de quoi ravir les plus aventureux d’entre nous comme écœurer les plus sceptiques. Probablement l’album de l’année le plus enclin à la controverse.
5. Joy - Joy
Dire que l’on attendait avec une certaine impatience le retour de Marc Huyghens serait un doux euphémisme : quatre ans depuis la fin de Venus sur un Red Room plus oppressant et insidieux qui avait laissé sur leur faim nombre d’admirateurs de l’enfiévré Welcome To The Modern Dance Hall et du gracile Vertigone, le Belge s’est fait prier mais n’a pas fait les choses à moitié pour ce retour bien accompagné (Françoise Vidick à la batterie et au chant, Anja Naucler au violoncelle) et tirant le meilleur de toutes les expériences passées (du côté plus pesant de The Red Room au spleen hypnotique sur lit de cordes épurées de Vertigone dont le titre éponyme fait ici l’objet d’une reprise entêtante à souhait qui devrait réjouir les amateurs de Low période Trust ). Si Venus était grand, Joy est parti pour l’être tout autant et l’on espère simplement que l’aventure sera cette fois de moins courte durée, hosanna hosanna même si cette fameuse route pour la joie risque quoi qu’il en soit d’être encore bien longue pour Marc Huyghens.
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