Attendu au tournant suite à un premier album d’abstract cinématique dont l’évidence mélodique confondante aura marqué la décennie aussi sûrement que sa puissance d’évocation ou la virtuosité de ses grands écarts (Elliott Smith samplé sur un instru hip-hop aérien, Michel Legrand associé à l’atmosphère sordide d’un meurtre crapuleux), Ramble John Krohn n’aura jamais véritablement confirmé entre la semi-déception d’un deuxième album au savoir-faire routinier ( Since We Last Spoke, 2004), puis The Third Hand en 2007 avec son virage pop certes rafraîchissant mais sans commune mesure avec le génie visionnaire du Deadringer cité plus haut.
On restait donc sur notre faim, glanant par-ci par-là une production sortant du lot pour Aceyalone ou Soul Position jusqu’à la parution fin octobre, sur le propre label de l’américain récemment lancé, d’un coffret vinyle regroupant l’intégralité de sa discographie chez Definitive Jux (soit les deux premiers albums et l’EP The Horror, The Third Hand demeurant la propriété de XL Recordings), plus un tout nouvel EP Tin Foil Hat condensant en sept inédits (dont un formidable Thine Planetarium de plus de 9 minutes) tout ce que l’on avait toujours espéré retrouver chez RJD2 : instrus à tiroirs, beats abstraits, featurings hip-hop sporadiques, souffle cinématique et plongées ténébreuses aux frontières de la conscience. De quoi attendre avec impatience le quatrième album du musicien prévu pour le 19 janvier, en espérant qu’il se révèle à la démesure de son titre, The Colossus, dont voici le premier single mélancolique et tout aussi prometteur, Games You Can Win (feat. Kenna) :