C’est ce soir que débutait sous le signe de l’Afrique la nouvelle édition du festival Jazz à la Villette qui se poursuivra jusqu’au 13 septembre avec son lot coutumier d’expériences transversales.
Après cette première soirée qui aura vu se côtoyer l’afrobeat de Seun Kuti & Fela’s Egypt 80 et l’improbable expérience d’Amadou & Mariam accompagnés des popeux Romeo et Michele Stodart de The Magic Numbers en guise de backing band, on retrouvera donc parmi les grands évènements de cette quinzaine le quartet d’Ornette Coleman (demain soir 2 septembre) qui avait brillé par ses fusions schizophrènes et décomplexées lors du festival Jazz à Vienne l’an dernier, la recréation 20 ans après par De La Soul de leur chef-d’oeuvre de hip-hop coloré et débonnaire, le séminal 3 Feet High And Rising avec l’aide de leur producteur de l’époque Prince Paul et des musiciens de Rhythm Roots All-Stars (le 9 septembre) - avec en première partie de luxe le duo londonien The Herbaliser en formation instrumentale pour défendre leur live Session 2 paru début août (à la suite de leur Same As It Never Was groovesque à souhait de 2008 dont la principale interprète vocale, Jessica Darling, sera également de la partie), Carl Craig le 10 qui pourrait bien nouer des liens inattendus entre la techno de Detroit et les jazzmen du label Tribe Records né dans la même ville au début des années 70 avant de terminer la soirée par un DJ set au Point Ephémère, ou encore Hank Jones en solo le 11 puis accompagné le lendemain au clavier par son vieux complice le virtuose malien Cheick Tidiane Seck.
Mais le grand moment du festival, malgré les présences attendues d’Elysian Fields en collaboration exceptionnelle avec le clarinettiste new-yorkais Don Byron (6 septembre), et de Daniel Darc (logique pour qui a dénommé son dernier album en date Amours Suprêmes en hommage à Coltrane) dans une formation incluant piano, violoncelle et saxo le 8 septembre au Cabaret Sauvage, sera incontestablement la venue de John Zorn (5 septembre) pour une adaptation post-moderne du Cantique des Cantiques (Shir Hashirim) où Clotilde Hesme et Mathieu Amalric reprendront les rôles de récitants tenus à New York l’an dernier par Laurie Anderson et Lou Reed. Pour l’accompagner, un choeur féminin et des musiciens de son label Tzadik parmi lesquels l’indépassable Marc Ribot à la guitare.
Enfin, ce cru 2009 particulièrement touffu se terminera sur une autre rencontre aux sommet, entre le pianiste Ahmad Jamal et les non moins mythiques saxophonistes Archie Shepp (vu cette année à Vienne en guest brillant de Seun Kuti justement) et Yusef Lateef, 239 ans à eux trois.
La mauvaise nouvelle dans tout ça, c’est qu’il est bien évidemment trop tard pour la soirée Fiest’Africa à l’heure où vous lisez cette news, la bonne étant néanmoins qu’aucune des autres soirées à part celle d’Hank Jones en solo n’affiche encore complet sur le site du festival. Alors si vous êtes curieux et ouvert aux expériences musicales les plus inhabituelles, vous savez ce qu’il vous reste à faire.