Le deuxième album des anglais de Ralfe Band démarre par une chanson en trompe l’oeil. Open Eye avec son refrain braillard et sa mélodie débraillée lorgne vers le rock indé typiquement américain à la Pavement. Aussi réussie soit-elle, il convient pourtant de ne pas se fier à cette entrée en matière car la musique de Ralfe Band est anglaise jusqu’au bout des ongles. Olaf Ralfe fait partie de ces songwriters antiquaires dans la lignée des Ray Davies (Stumble), Paul Mc Cartney (Helmutsine) ou Neil Hannon dont les chansons délivrent un charme suranné qui semble ignorer la modernité. Un classicisme jusqu’au-boutiste qui aurait pu s’avérer un poil ringard si ce brocanteur ne puisait son inspiration bien au delà des frontières anglaises dans le rock brinquebalant d’un Tom Waits ou le folk des Balkans. C’est ainsi une formidable démonstration mélodique qui anime ce fantastique Attic Thieves aidée en cela par une instrumentation foisonnante et ébouriffante faisant la part belle aux cuivres, violons, orgues et autres accordéons. Citant volontiers Satie, le jeu de piano d’Olaf Ralfe, tout en épure, fait des merveilles à l’image de l’extraordinaire instrumental comeladien Attics, jusqu’à atteindre la pureté mélodique d’un Sufjan Stevens sur Lost Like Gods. Bandes-son d’une fête foraine lynchienne, Ice Is On My Hands et Queen Of Romania closent un album en tout point parfait. Confidentiel dans son propre pays, on ne remerciera décidément jamais assez le label bordelais Talitres d’amener jusqu’à nos oreilles de telles pépites.