On ne les imaginait pourtant pas là mais les ballades de Made In The Dark (en particulier son morceau éponyme aux accents soul, le vibrant Whistle For Will et le superbe In The Privacy Of Our Love final avec ses choeurs à la Beach Boys), où piano et guitare dominent, sont seules à nous épargner la débauche clinquante et très dance-floor d’électro décérébrée à la limite du vulgaire, tout autant influencée par le grime que par Devo et la pop synthétique des années 80 mais sans saveur ni folie, dans laquelle est tombé Hot Chip avec ce troisième album. A peine consolé par un Out Of The Pictures vaguement honnête, on n’aura pas même droit à un single véritablement digne de ce nom, un comble pour les auteurs du fracassant Over And Over et du mélancolique And I Was A Boy From School.

Enorme déception donc pour ce groupe anglais dont on attendait sans doute trop après le magique The Warning , deuxième opus équilibriste sorti en 2006 qui synthétisait à la perfection électro-pop nordique à la Röyksopp, mélodies californiennes et radicalité expérimentale digne du label Warp. Espérons qu’il sauront rattraper le coup la prochaine fois.

Attendu au tournant, Hot Chip a décidé de surprendre en dévoilant une face plus sombre et radicale. Le succès mérité et soudain du précédent album The Warning l’avait propulsé fer de lance de la scène électronique anglaise grâce notamment à deux énormes singles que sont Over and Over et And I Was A Boy From School. La pression était donc forte pour ce nouvel opus Made in the Dark , et le groupe a justement sorti les armes avec des rythmiques martiales et tribales (l’étonnant Out at the Pictures en ouverture) sur lesquelles nombreux ne pourront résister et se déhancheront jusqu’à plus d’heure.

Le premier et efficace single Ready for the floor annonçait donc la couleur et l’ambition du groupe. Cet opus bien que plus sombre est taillé pour la scène et les pistes de danse. Mélangeant habilement les références qui reviennent à la mode en ce moment, le groupe étonne et évite les clichés. Qui peut aujourd’hui se permettre de mélanger électro, pop, rock, et soul R&B sans perdre de sa fraîcheur ? Hot Chip cherche toujours la petite touche originale, le sens de la formule qui lui permet de retomber sur ses pieds sans que l’on y trouve à redire. Il y a bien des influences (parmi lesquelles Kraftwerk ou encore New Order) dont le groupe ne se cache pas, et pourtant cet opus semble moderne et bien ancré dans son époque.

Avec un début d’album impressionnant et des tubes en puissance (Shake a Fist et Bendeable Poseable entre autres) loin des mélancoliques et dansants singles du précédent opus, le groupe choisit la carte de l’éclectisme et se montre sur la fin plus calme et apaisé retrouvant la mélancolie sur quelques ballades inattendues mais un peu trop faciles peut-être. Signé sur une major, le groupe aurait pu faire une redite de The Warning mais il a préféré évoluer et rester maître à bord. Même si cet album semble moins évident, il confirme en tout cas que les Anglais sont bien au dessus de la mêlée, LCD Soundsystem parait aujourd’hui bien pâle et se retrouve largement distancé.