American (Death) Trip avec The Warlocks
Deux ans après la sortie de Surgery (lire notre chronique), les Californiens psychédéliques The Warlocks nous reviennent avec un nouvel album au nom étrange de Heavy Deavy Skull Lover. Réduit à quatre, limogé par leur maison de disque Mute, recueilli par Tee Pee Records (The Brian Jonestown Massacre), le groupe allait-il trouver la force et l’énergie créatrice pour accoucher d’un album digne de ses prédécesseurs ? Il nous intéressait d’en savoir plus sur l’état de forme de The Warlocks via son mentor, Bobby Hecksher, et sur ce qui se cache derrière ce nouvel opus. "Un truc inexplicable" nous confiera-t-il. Oui, mais, à son écoute, on décèle un réel retour aux sources, aux premières amours sonores qui avaient contribué aux succès du groupe : les jams psychédéliques.
Toutefois Heavy Deavy Skull Lover n’apparaît pas comme une vague nostalgique, mais plutôt comme un réel besoin et une véritable envie pour le groupe de se faire plaisir.
Indierockmag - Beaucoup de changements sont intervenus dans le groupe depuis Surgery : label, line-up,... Serait-il possible de résumer ces deux années passées et d’expliquer comment vous en êtes arrivés à cette étape de votre carrière ?
Bobby Hecksher : Avec du boulot, encore et encore un dur labeur, des tournées non stop et bien sûr il faut avoir de bonnes chansons. J’aime ce que je fais et tout est allé si vite… J’ai fini par m’épuiser après 7 années de tournées et de responsabilités à propos de tout, mais je pense que c’est compréhensible. J’avais besoin d’une pause !
Indierockmag - Avec cette nouvelle composition de groupe, l’écriture des morceaux qui constituent Heavy Deavy Skull Lover a-t-elle été conçue différemment ?
Bobby Hecksher : Ouais c’était comme un puzzle qu’il fallait que je complète dans ma tête. J’avais toutes les pièces mais je ne savais pas où elles allaient. Ça a été vraiment dur à réaliser parce qu’on n’avait qu’un mois pour le faire, mais c’était vraiment fun et le rendu est vraiment tordu et étrange. OUAIS !
Indierockmag - Le groupe, sur cet album, a renoué avec ses jams et les longs morceaux à majorité instrumentale. Était-ce une volonté de départ dans l’écriture des morceaux ou est-ce le résultat d’une improvisation ?
Bobby Hecksher : Non, juste d’une envie de casser le format « chansons » comme on l’entend. Cet album est dur à jouer live pour moi. C’est un challenge et j’aime ça. Hmmm je ne sais pas si c’est une phase, on verra.
Indierockmag - Votre discographie est très liée à l’univers psychédélique. Je ressens chacun de vos albums comme ayant une approche différente mais successive du milieu narcotique : la découverte avec Rise and Fall, le trip pour Phoenix, la décente avec Surgery et la mort avec ce nouvel opus, Heavy Deavy Skull Lover. Êtes-vous d’accord avec cette approche très personnelle de votre discographie ?
Si oui, quel doit être le thème de votre prochain album ?
Bobby Hecksher : Tout ce que j’ai fait est lié à la musique psychédélique, ça a toujours été mon genre de musique préféré je crois mais pas vraiment pour le côté drogues. Même si la presse adore ce truc du groupe « défoncé et rock’n roll ». En ce moment, je pense encore à ce que je vais faire après, j’ai des idées…
Indierockmag - La mort, revenons-y. Elle est très présente dans vos morceaux (The Valley Of Death, Zombie Like Lovers, Death, I Hear You Walking). Quelle relation avez-vous avec elle et que pensez-vous d’elle ?
Bobby Hecksher : Seule Moving Mountains parle de la mort pour de vrai. Death, I hear you walking c’est plus un sentiment paranoïaque de mort lié au grand âge. Zombie like lovers n’a rien à voir avec la mort, The Valley of Death parle d’envie, de jalousie, d’égo et de ce que tout ça peut faire aux gens.
Indierockmag - Le chant dans cet album est peu mis en avant : il est plus murmuré ou du moins noyé dans la musique, contrairement à Surgery où l’on ressentait des cris de douleur, de désespoir. Une explication à ce parti pris ?
Bobby Hecksher : On n’avait pas le temps de se concentrer sur les parties de voix alors résultat tout est chuchotements.
Indierockmag - Quelle est la signification du titre de votre album, Heavy Deavy Skull Lover ?
Bobby Hecksher : Il semblait le plus adéquat. Deavy est un mot inventé qui veut dire « un évènement inexplicable » ou « big bang » mais avec un autre type d’explosion.
Indierockmag - Le changement de label apparaît comme libérateur pour le développement artistique du groupe. Grâce à Tee Pee records, l’album laisse place à la liberté musicale au détriment des contraintes commerciales (singles, morceaux standardisés,...) Était-ce vital pour The Warlocks de ne plus être sous pression et de laisser cour à ses volontés artistiques ?
Bobby Hecksher : Oui.
Indierockmag - D’où vient votre inspiration musicale ?
Bobby Hecksher : Des gens.
Indierockmag - The Warlocks est un groupe qui existe depuis 8 ans. Comment l’envisagez-vous dans 8 ans ?
Bobby Hecksher : J’aime ce que je fais et avec un peu de chance je ferai encore des disques, en tant que Warlocks ou autre chose – Je sais pas. Je peux pas parler pour tout le monde mais ça a été positif.
Quel est le groupe (ou l’artiste musical) sans lequel il n’y aurait jamais eu The Warlocks ?
Bobby Hecksher : Ce serait Bobby Hecksher, j’écris presque tout.
Indierockmag - Actuellement, en France, les maisons de disques débattent sur le devenir des supports musicaux, et notamment du CD, au bénéfice des plateformes de téléchargements légales et payantes. Quelle est votre position dans ce domaine ?
Bobby Hecksher : On n’a pas le choix dans ce domaine !
Indierockmag - Surgery est un album qui, semble-t-il, a dérouté critique et public. Je le considère pour ma part comme le plus abouti de tous. Quel jugement portez-vous sur votre précédent opus, avec le recul ?
Bobby Hecksher : Ouais cet album est le plus accompli, il est mieux mixé. Mais on a eu un an pour le faire, trop de temps HA ! je crois qu’il y a de super chansons dessus. Heavy Deavy c’est plus un trip et c’est mon type d’album favori ! Comme Neu, Hawkwind, même Gong, le côté le plus déjanté de Pink Floyd comme Ummagumma… Rise and Fall était comme ça aussi alors c’est peut-être une sorte de cercle (je crois ?) mais aussi les autres trucs que j’ai adoré ont été sources d’inspiration comme Ariel Pink, Indian Jewelry, Sereena Manesh.
Indierockmag - Lors de votre dernière tournée française, vous n’aviez fait qu’une date, à Paris. Peut-on espérer vous voir sur des scènes de plusieurs villes françaises bientôt ? Quand ?
Bobby Hecksher : J’espère bien. On aime la France !
Site officiel : www.thewarlocks.com
Page Myspace : www.myspace.com/thewarlocks
Traductions : Lloyd_cf
Interviews - 15.10.2007 par
Certains avaient sans doute enterré The Warlocks trop tôt. Après avoir plané sur le romantisme noir de Surgery, le groupe malade de Bobby Hecksher est passé tout près de l’implosion. Au bout du tunnel pourtant, tout est resté noir. Souvenez-vous, c’était en 2007 avec l’abyssal Heavy Deavy Skull Lover et personne ne s’en est vraiment remis. Pourtant (...)
Depuis Surgery en 2005, les américains psychédéliques sont passés tout près du split. Qu’importe. Bobby Hecksher revient avec ce disque. Une claque.
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