Inauguré il y a 5 ans avec le chouette Into The Beckoning Wilderness et déjà fort de 5 albums au compteur, on savait le projet The Sombre, énième identité de l’hyperactif Maurice de Jong aka Mories (Gnaw Their Tongues, Seirom, Pyriphlegethon, Hagetisse etc.), plutôt porté sur le versant aérien des musiques extrêmes, jusqu’à faire entrer un peu de lumière dans son doom et son black metal relativement éthérés, contrairement à ce que laisse entendre le titre de ce nouvel opus.

Avec Like a dream without light toutefois, on passe un cap même pour le Néerlandais dont l’inspiration schizophrène n’a pas fini d’étonner, pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs (cf. l’électro-black-metal maximaliste et surexcité de l’album de Crystalline Thunderbolts Pierce The Sacred Mountain cette année, à la hauteur de son artwork à faire saigner des yeux). Et cette fois heureusement, c’est plutôt le meilleur qui l’emporte, surtout pour les amateurs du label 4AD du tournant des années 80/90 ou ceux de la bande originale de la série "Twin Peaks" à la même époque, jusque dans les basses tout à fait caractéristiques du morceau The Sun Will Eventually Rise.

Synthés vaporeux (White Dress), nostalgie diffuse (Old House), élans post-rock au lyrisme stratosphérique (Last Spring), blast beats relégués au second plan comme de simples pulsations neurasthéniques rythmant dans le lointain le romantisme du disque (Without Light) voire carrément absents sur le bien-nommé final Dreams... on est en effet beaucoup plus proche ici de l’onirisme d’Angelo Badalamenti que des puits de noirceur viciée de Gnaw Their Tongues, Mories s’abstenant d’ailleurs de donner de la voix au profit des monologues introspectifs d’une certaine Alaina sur plusieurs titres, dont le spoken word mélancolique évoque un bonheur disparu et le passage du temps. Surprenant, et plutôt charmant !