Allez, ça fait six mois, vous reprendrez bien un peu de Brian Chippendale en roue libre ? On parlait hier de décrassage de tympans, avec le batteur de Lightning Bolt on est carrément à l’étape d’après, pensez détartrage chez le docteur Christian Szell, ce genre, ça saigne un peu évidemment mais sinon que du bonheur. Ceci étant dit, après le terrorisme sonore pur et dur de THEY WON et à l’exception du libertaire Terrestrial Heathens qui clôt l’ensemble sur une orgie tempétueuse de borborygmes, de synthés déglingués et de fûts désorganisés, ce nouvel opus de l’Américain ferait presque figure d’album "pop", du moins dans sa première moitié.

C’est vrai quoi, après tout, il y a du chant à proprement parler (punk certes, craché au visage d’un micro trempé dans l’acide... mais tout de même), un groove assez irrésistible (Hungry Animal, So Deep) entre deux régressions martelées/saturées (Ping Pong, Mark My Word) et même un lagomorphe sur la pochette (enfin, plus proche du général Woundwort de "Watership Down" que de Panpan ou Pierre Lapin... mais-tout-de-même-bis), que demande le peuple ? Enfin ça, bien sûr, c’est seulement le premier effet Kiss Cool, et les bizarreries de bon aloi ne sont jamais bien loin, surtout en seconde partie de disque. Citons notamment la cavalcade Celestial Seethings dont le tempo varie imperceptiblement sans avoir d’y toucher pour finir par infuser une espèce de schizophrénie subliminale intensifiée par les boucles d’échos drogués, la technoise de Wide Asleep ou ce Gothic Socks véhément qui se voudrait décérébré et finit presque par sonner cérébral en évoluant du chaos total à un semblant d’ordre de plus en plus hypnotique.

Bref, du Black Pus pur jus, cathartique, improvisé, taré à faire du moonwalk sur la tête et néanmoins absolument jouissif pour le masochiste qui sommeille en nous.