Solam - Insectasia

1. Gomphus Vulgatissimus
2. Cricket Club
3. Stenobothrus Stigmaticus
4. Évasion Champêtre 2070
5. Mutation
6. Iphis
7. Pater Tumulte
8. Essaim
9. Le Baiser du Frelon
10. La Splendeur des Affres

2024 - Disques du Crochet (Les)

Sortie le : 5 juillet 2024

Entomologie synthétique

Étonnante découverte qui nous vient de Besançon et des Disques du Crochet, Insectasia fait suite à l’EP Zoonomia paru l’an dernier sur le même label et en reprend d’ailleurs l’intégralité des 6 titres, à la suite des 4 premiers spécialement enregistrés pour une création sonore destinée au festival d’arts numériques "D’Autres Formes". Une thématique se détache d’emblée de ces deux intitulés, confirmée par les noms des morceaux de ce premier long-format de Solam aka Jérémy Vieille (Zerolex) : celle du monde des insectes (Gomphus Vulgatissimus par exemple est le nom latin d’une espèce courante de libellule) et par extension dixit le musicien, d’un "écosystème analogique" en mutation où leurs bruissements habituellement peu audibles envahiraient tout l’espace - une influence décidément appréciée dans les musiques électroniques expérimentales par chez nous, cf. Mei ou Odalie.

Entre sound design texturé et electronica aux sonorités métamorphes, on pense pas mal à Amon Tobin, en particulier celui de Foley Room ou ISAM, et à ses héritiers, d’Undermathic du temps du label Tympanik Audio à Frank Riggio chez Hymen Records. L’équilibre entre travail de la matière sonore à la manière d’un organisme vivant, mélodies pastorales d’une autre dimension (Stenobothrus Stigmaticus - un criquet dans le langage vernaculaire) et incursions rythmiques y est en effet assez similaire, avec le même genre de renflements mouvants et saturés (évoquant souvent ici le déplacement de créatures que l’on écouterait à fort volume avec un appareil d’amplification auditive) sur fond de basses fréquences vrombissantes et de synthés distordus.

Chez Solam toutefois, la musique flirte davantage avec une forme de techno massive et downtempo (Cricket Club, La Splendeur des Affres) ou une tension presque trance aux polyrythmies irrésistibles (Évasion Champêtre 2070) qu’avec l’IDM des susnommés, le reste de l’album se révélant beaucoup plus ambient, versant drone (Mutation, Le Baiser du Frelon) voire presque bruitiste (Pater Tumulte et ses faux-airs d’Emptyset, ou le bien-nommé Essaim). La bande-son idéale pour vos pérégrinations estivales dans les herbes hautes, à condition bien sûr d’avoir les tympans bien entraînés !


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 07.07.2024 par RabbitInYourHeadlights