Dire que l’on Nathan Rien d’Attention Fête serait mentir. Désormais bien identifié dans nos pages - façon de parler, avec un univers aussi malléable -, en particulier depuis l’EP Poupoule de l’an passé (cf. #9 ici), l’alias du musicien expérimental basé à Montreuil nous abreuve régulièrement de sorties singulières dont les artworks décalés et autres intitulés calembouresques ne reflètent pas forcément les grandes qualités atmosphériques.

Dernier exemple en date, Dijon voyageur sorti à la fin du moins de juin et enregistré en utilisant les matières premières fournies par des compères au chant ainsi qu’à divers instruments (mélodica, oud, clavier), autant d’éléments parfaitement digérés par notre bonhomme au sein d’un EP ambient mi-dystopique mi-éthéré (cf. Rue Tourlaque, entre tension du motif de synthé, pianotages oniriques et nappes vocales en apesanteur, ou l’acoustique moyen-orientale de Rue Francoeur sur fond de textures à la fois rêveuses et inquiétantes), parfois mystique sur les bords (L’homme au pyjama rouge) ou lorgnant sur une électronique immersive aux beats profonds (Ficus Benjamina, où la voix est brillamment utilisée comme matériau rythmique).

Entre le dark ambient fantasmagorique du bien-nommé Les fantômes du Mont Cenis dont les choeurs bénéficient d’une utilisation très intrigante voire malaisante de l’autotune, Fin de soirée au bar jaune et ses étranges divagations vocodées ou surtout le spleen languissant du final La route sous nos pas qui n’est pas sans évoquer les débuts des géniaux Britanniques de Bronnt Industries Kapital (cet album en particulier), ça n’est toujours pas la fête et c’est tant mieux. Attention donc, si les amateurs de Coil par exemple devraient se sentir comme des poissons dans l’eau à l’écoute de ce nouvel EP, ne vous laissez pas tromper par son titre si vous ne jurez que par l’hédonisme 80s que le nom du projet peut évoquer, auquel cas vous risquez fort de finir comme des têtards dans un pot de moutarde de Dijon.