Par la magie de l’embrouillamini collectif (en l’occurrence le post d’un contact anglophone sur facebook qui le mentionnait début février parmi les belles sorties ambient de la semaine alors que l’album avait vu le jour exactement un an plus tôt dans une indifférence critique quasi générale), je découvre seulement maintenant ce dernier opus en date du guitariste des Red Hot Chili Peppers, second volet d’un diptyque publié par le label électronique berlinois Acid Test qui aurait pu se faire une place de choix dans mon bilan 2023 et méritait donc bien quelques mots, même tardifs et succincts. Il faut dire que si son groupe m’a toujours laissé relativement indifférent, les aventures en solitaire de l’Américain s’avèrent bien souvent passionnantes, de ses collaborations avec Omar Rodríguez-López aux sorties de Trickfinger, et celle qui nous occupe ici ne fait pas exception à la règle.

Enregistré pendant une période où le musicien, fatigué des guitares, se nettoyait les oreilles en écoutant Oren Ambarchi, feu Peter Rehberg, Klara Lewis ou encore Brian Eno,  : I I . déroule sur une dizaine de titres souvent très longs (jusqu’à plus de 16 minutes), un drone austère façonné aux synthés modulaires qui n’est probablement pas à mettre entre toutes les oreilles mais devrait fortement parler aux admirateurs des abstractions magnétiques et décharnées d’un Cezary Gapik par exemple. Du haut de ses presque 1h45, l’album se mérite et n’esquisse aucune mélodie ni rythmique pour faire passer la pilule de ses radiations dystopiques aux incursions psyché (Golpin, Unitiled, Firpln), qui font la part belle aux basses fréquences dans un minimalisme parfois foisonnant de crépitements analogiques (Clank), grouillant de distorsions organiques (Frantay) ou les deux à la fois (Galvation).

Ardu mais fascinant !