Avec Christophe Petchanatz, on n’a pas tout fait les mêmes préférences en termes de visionnages récréatifs (m’enfin, où est Gianna Michaels ?... ça sent le jeunisme cette affaire), mais pour ce qui est de la musique c’est une autre paire de manches (ndlr : ce jeu de mots n’est que le premier d’une longue série, on vous aura prévenus). En témoignait il y peu le très chouette Penser, et encore avant un impressionnant Ghost Factories à quatre mains (jeu de vilains ?), deux facettes particulièrement aventureuses et longues en bouche (hum) du musicien parfois caché sous l’alias Klimperei.

Ce qui tombe plutôt bien, c’est que l’album qui nous occupe ici pourrait tout à fait être le chaînon manquant entre les courtes vignettes intrigantes et bricolées du premier, et les expérimentations dronesques et hantées du second. Éjaculé tout sauf précocement puisque durement mûri depuis un projet que le Lyonnais destinait à son ancien groupe Deleted, on y entend pêle-mêle, au gré de 30 compositions avoisinant généralement les 2 minutes, des beats caverneux, des nappes de crépitements insidieux, du piano anxieux, de drôles d’acouphènes évanescents, d’étranges échafaudages polyrythmiques, du microsound hypnotique et entêtant, des glitchs malaisants, des guitares plombées, de l’électro dadaïste, du dark ambient mystique et surtout beaucoup d’atmosphère, de mystère, de névroses distillées jusqu’à leur substantifique moelle.

Et ce qui tombe au poil donc, mais pour les coquins cette fois, c’est que l’ami Christophe fait de ce melting-pot aussi énigmatique que (doublement ?) pénétrant un hommage improbable à 30 figures du X, artwork AI de faciès à l’appui - mais sans les facials heureusement. Il n’y a pourtant pas plus de chant de gorge profonde que de flûte à bec sur ce 30 PORNSTARS qui n’a rien de tarte à la crème, encore moins de masturbatoire (pour tout dire, la musique n’y fait pas particulièrement écho au concept, si ce n’est peut-être pour évoquer, qui sait, un certain mal-être de nos sexualités virtualisées ?). Par contre on y prend des petites claques un peu partout, et on en ressort avec l’envie de remettre le couvert.

Un bijou plus cryptique que crypté pour résumer, pas forcément à écouter en famille mais pas pour les raisons que l’on pouvait s’imaginer !