Iggy Pop - Every Loser
1. Frenzy
2. Strung Out Johnny
3. New Atlantis
4. Modern Day Ripoff
5. Morning Show
6. The News for Andy (interlude)
7. Neo Punk
8. All the Way Down
9. Comments
10. My Animus" (interlude)
11. The Regency
Sortie le : 6 janvier 2023
Malmené à la va-vite par une critique parisianiste probablement frustrée par sa longévité, Iggy Pop n’est pourtant pas le loser annoncé sur ce 19e album solo. Il vivrait dans le passé, serait cacochyme, à côté de la plaque l’ex Stooges précurseur du punk et d’un rock dopé à la noise et au free jazz ? Dixit les mêmes qui encensent ces jours-ci les racleurs de fonds de tubes 80s désincarnés que sont devenus Gorillaz et Belle & Sebastian, ou célèbrent chez nous les tout aussi racoleurs et synthético-nostalgiques Agar Agar ou Jacques, on pourrait croire à la blague de mauvais goût. Tout ça sans doute parce que l’icône toujours prête à tomber la chemise à 75 balais glisse, avec davantage de spontanéité pourtant et autrement moins de calcul commercial, un peu de new wave énergique (du single Strung Out Johnny au New Order-friendly Comments) ou de classic rock à papa néanmoins relativement frais et bien troussé (New Atlantis, All The Way Down) dans son punk parfois plus consensuel qu’à l’accoutumée... et tant pis pour la jouissive ironie d’un Neo Punk flirtant avec la scène 90s pour skaters en bermudas des Offspring et autres Blink-182 sur lequel officie aux fûts le désormais presque quinqua Travis Barker, batteur de ces derniers.
N’en déplaisent donc à ceux qui feraient bien de suivre le conseils qu’ils se permettent de donner à l’Américain et de ranger leur clavier : si l’album, plaisir assumé d’éternel ado mais pas que, n’est pas aussi mélangeur ou "de son époque" que son antithèse, l’introspectif et sombre Free (auquel Noveller et le trompettiste Leron Thomas apportaient en 2019, en particulier sur une seconde partie d’album très atmosphérique, d’élégants accents jazz et ambient), Every Loser tente encore tout de même - et réussit plutôt - des choses assez inédites pour lui, à ma connaissance du moins. J’avoue en effet ne pas tout avoir écouté de l’Iguane cette dernière décennie, mais entre deux hymnes gentiment vénères et joliment incandescents (Frenzy, Modern Day Rip-Off), The News For Andy n’est pas loin de flirter avec le songwriting de Eels ou d’Elvis Costello tandis que le superbe Morning Show convoque une americana que l’auteur de The Idiot habite d’une voix de crooner pas si fatigué, comme une sorte de Johnny Cash circa 2003 qui se serait réveillé dans les années 80 après le rail de coke de trop.
Un album un poil inégal donc, pas inventif pour un sou et qui ne passera peut-être pas l’année mais bricolé avec une sincérité palpable ne méritant en rien le mépris des rageux.
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