On a rongé 2022 : 2 x 22 morceaux (par Rabbit)
Aucun exercice n’est plus difficile, pour moi, que de résumer en quelques poignées de titres les deux ou trois (voire quatre ?) centaines d’excellents nouveaux albums et EPs découverts en l’espace d’une année. Alors quand certains disques pas forcément incontournables s’invitent à la fête eux aussi avec un single remarquable (cf. ici Gwenno ou Danger Mouse & Black Thought), sans parler des titres extraits de compilations et autres remixes, ça devient carrément une gageure.
Bien sûr, le choix de certaines contraintes facilitera grandement la vie : aucun morceau long de plus de 5 ou 6 minutes (en bon amateur de musiques expérimentales en tous genres il fallait néanmoins qu’il y ait une exception, ce sera Nadja) ; un maximum de variété dans les "genres" abordés au risque de reléguer des titres tout aussi marquants au sein d’un univers déjà largement favorisé (il y a par exemple une douzaine de morceaux rappés dans cette liste, sélection absolument crève-cœur compensant le petit nombre d’albums hip-hop qui finiront dans le top 100 à ma grande frustration), et surtout, uniquement des morceaux qui puissent être accessibles et accrocher l’oreille de l’auditeur aguerri en dehors du contexte de l’œuvre dont ils sont issus, sans pour autant répondre automatiquement au qualificatif de "pop" - c’est d’ailleurs le cas d’assez peu d’entre eux, ma shitlist vous aura probablement donné une bonne idée de mon goût assez limité pour ce qui passe pour de la pop de qualité en 2022, et c’était sans compter sur les rescapés tiédasses de ce classement par le bas, de Dry Cleaning aux Arctic Monkeys en passant par Wet Leg, Jockstrap, Mitski, Weyes Blood et sa mixture réchauffée de Joni Mitchell et Kate Bush au lyrisme envahissant, ou même Aldous Harding partie elle aussi racoler les nostalgiques des 70s avec une bonne dose de saccharine... pas de ça ici évidemment, comme dirait Yev Kassem, "No soup for you !"
Sur ces quelques clarifications, place à la sélection, avec 22 morceaux classés et commentés, et 22 de plus en guise de bonus, tout aussi indispensables pour les amateurs de musiques actuelles munis d’un cœur et d’une paire d’oreilles en état de marche.
Mes 22 morceaux préférés de 2022 (classés)
22. Wordburglar - My Favourite Artist
Tout le talent de storyteller du rappeur échappé de Backburner dans cet interlude trippant du très bon Burgonomic, et le contraste avec l’aspect fantomatique volontairement kitsch de l’instru fait son petit effet, dans le plus pur esprit nerdy et décalé du Canadien.
21. Water Music - Fall
L’Australien Mathew Barker, héritier de Mark Linkous et du Leonard Cohen hanté de la grande époque, fait une nouvelle fois merveille sur ce classique instantané d’EP dont Fall est à la fois le titre le plus immédiat et le plus insondable de mélancolie cafardeuse, Spaklehorse-style.
20. Ben and the Trinity - Adieu Pingouin
Ils s’y sont mis à trois, Olivia Hb, Ben Coudert et Innocent but Guilty aka Arnaud Chatelard qui a sorti l’album sur son label Foolish Records (j’en parlais par ici) et le résultat est des plus surprenants, perpétuant le souffle et les métissages abstract-jazz du pionnier David Axelrod avec une collection de morceaux très organiques, mi-joués mi-samplés, où s’invitent parfois les voix des deux premiers nommés... mais pas ici, tant la trompette suffit à habiter de son spleen presque anachronique cet Adieu Pingouin lyrique et mouvant.
19. Howard Shore - Crimes of the Future
Si l’on peut regretter du dernier Cronenberg qu’il soit un film-somme un peu trop évident (tel un croisement de Crash, eXistenZ et Videodrome qui ne dit rien de bien neuf sur son sujet récurrent des rapports de domination entre le corps et la psyché), le septuagénaire Howard Shore continue quant à lui d’explorer l’infini des possibilités qu’apportent électronique, synthés et textures ambient à la musique de film, en témoigne ce thème entêtant en grand écart constant entre impressionnisme et démesure, à faire baver d’envie les imposteurs du rétrofuturisme pseudo-expérimental (oui c’est à toi que je pense Daniel Lopatin).
18. Backburner - Spice Rack
Avec son irrésistible sample de musique africaine, les cuts imparables d’Uncle Fester et des couplets d’une classe folle enquillés avec la décontraction paradoxalement incisive qu’on leur connaît par Timbuktu, Wordburglar, Savilion, Ghettosocks, More Or Les et Chokeules, tous immédiatement reconnaissables à leurs flows singuliers, le premier extrait du dernier Backburner s’est imposé comme le sommet du disque, grower qui colle au cerveau comme un chewing-gum épicé.
17. Chapelier Fou - Tea Tea Tea
Déjà fameux sur Deltas en 2014, le ludique et troublant Tea Tea Tea gagne encore des points avec cette version à la fois plus dynamique et plus aérée, transcendée par l’évidence des arrangements, entre traditions et modernité, de l’Ensemb7e boisé qui accompagne le Messin sur cet album de relectures de haute volée :
16. Ramson Badbonez - Fusion
Étrangement passé inaperçu chez High Focus au printemps dernier, le Londonien déjà auteur d’une quinzaine d’albums brille pourtant par son emphase ludique sur une poignée de tubes grime rétrofuturistes et percutants, à commencer par ce Fusion aux cuivres emphatiques qui groove et file à toute vitesse tout en fourmillant de textures à l’arrière-plan.
15. Barbara Panther & Matthew Herbert - Turning Off The Lights
Avec ses rythmiques de bric et de broc concoctées par son fidèle mentor, j’ai nommé l’empereur du cut-up électronique Matthew Herbert, ce nouvel opus de Barbara Panther n’est pas évident à dompter mais lorsque survient le refrain de Turning Off The Lights, tout s’éclaire et l’on retrouve enfin le lyrisme piloérectile de la Néerlandaise, comparée à Björk dans nos pages à ses débuts.
14. Loyle Carner - Nobody Knows
Un bon disque de rap anglais qui à défaut d’originalité semble s’imposer par son évidence auprès des amateurs du genre cette année (full disclosure, : pas dans mon top 50 des sorties hip-hop de 2022), que j’aurais pu vite aimer et tout aussi vite oublier. C’était sans compter sur ce Nobody Knows assez magique, quelque part entre Plan B et le morceaux les plus soulful du grand Blueprint : un véritable tube en puissance.
13. Red Snapper - Tremble
Je reparlerai de toute évidence de ce dernier opus en date du combo britannique, qui fait feu de tout bois sans pour autant tomber dans la facilité du listener’s digest d’afrojazz et de bass music avec laquelle flirtait son prédécesseur, et sera probablement encore plus haut classé dans mon top albums que ne l’est ici ce majestueux Tremble aux orchestrations désarmantes.
12. Christophe Bailleau - The Dream Caard
Aussi difficile fut-il de tirer un morceau du chef-d’oeuvre absolu que constitue ce Shooting Stars Can Last comparé dans nos pages à Coil ou ANBB, le mutant The Dream Caard caressé par le voix de Yuri Cardinal a fini par s’imposer, moins par son accessibilité de chanson au sein d’un disque essentiellement instrumental que pour ses qualités oniriques et hypnotiques à la croisée de l’épopée krautrock et du labyrinthe sonique.
11. Tom Caruana feat. Mr Lif - Critical Status
L’album du producteur anglais, depuis ma chronique du top albums d’avril, n’a fait que monter en puissance sur ma platine et finira bien plus haut qu’initialement anticipé dans mon bilan de l’année. Impossible de choisir un track dans ce melting-pot de featurings plus inspirés les uns que les autres, alors comme on dit dans les couloirs d’IRM, "dans le doute, toujours préférer Mr Lif"... d’autant que ce Critical Status tendu et menaçant comme pas permis suinte d’une urgence à la Anticon de la grande époque.
10. Fields Ohio - Past Life Perfection in the Arboretum of Sleep
Vous avez pu lire pas mal de choses dans ces pages sur Aries Death Cult, Cloudwarmer ou plus anciennement The Fucked Up Beat, trois duos chapeautés par le New-Yorkais Eddie Palmer qui se distinguait également en solo dans nos tops albums l’an dernier. Projet peut-être plus discret, un poil plus inégal aussi de par la générosité des disques qu’il propose (plus d’une heure encore pour This is the Place I Dreamt of You Last, sa seconde sortie de l’année), Fields Ohio l’associe à l’instrumentiste Christine Annarino et nous emmène au nirvana avec ce psychédélique Past Life Perfection in the Arboretum of Sleep sous perfusion indienne, véritable petite épopée d’électro/trip-hop transcendantal entre choeurs mystiques, cordes capiteuses et beat imparable.
9. Danger Mouse & Black Thought feat. Michael Kiwanuka - Aquamarine
Le célébré Cheat Codes m’est apparu plutôt paresseux dans l’ensemble, listener’s digest de rap lofi avec un Danger Mouse en pilotage automatique sur des prods peu inspirées. Mais le refrain cotonneux de Michael Kiwanuka, un Black Thought habité à faire pâlir ses interventions sans véritable flamme sur le reste du disque et une mélodie à tomber font de cet Aquarine une exception, évocatrice des grandes heures "hip-pop" des Roots et notamment de ce bijou, en plus lumineux.
8. Czarface feat. Lion Eye - Big ’Em Up
Inspectah Deck et ses compères s’amusent encore une fois comme des petits fous sur le génial Czarmageddon !, et se foutent comme à l’accoutumée des codes du hip-hop comme de leur premier sampleur, en témoigne cet improbable tube punk-rap qui envoie du petit bois en mode poum-tchack et toutes basse et guitare dehors.
7. Emilie Zoé - Apollo
Le fait que les magazines rock n’aient pas encore sacré la Suissesse (par ailleurs bête de scène) comme ils le firent de la PJ Harvey de Dry ou To Bring You My Love dans les 90s, lui préférant la tiédeur des copycats Sharon Van Etten ou Angel Olsen, est probablement la preuve absolue d’une décrépitude auditive et d’une batârdisation mainstream désormais bien au-delà du consternant. Jamais meilleure que dans le contraste entre exaltation et désespoir écorché, la tête pensante du trio /A\ s’en moque probablement comme de sa première chemise et signe avec Apollo l’un de ses morceaux les plus terrassants d’intensité larvée.
6. Big Thief - No Reason
Les groupes célébrés capables de sortir des disques d’une telle générosité se font rare à notre époque, autant dire que je ne fais pas partie de ceux qui pinailleront sur les quelques chansons dispensables de Dragon New Warm Mountain I Believe In You, 5e et meilleur album des New-Yorkais emmenés par Adrianne Lenker qui s’éparpillent joyeusement de la pop-lo-fi à l’alt-country et du shoegaze à la pure ballade folk, culminant sans l’ombre d’un doute sur l’évidence bucolique de ce No Reason rétro et boisé aux choeurs dignes des grandes heures de The Polyphonic Spree.
5. The Smile - Open the Floodgates
Encore un choix de titre extrêmement difficile pour ce premier album du projet associant Thom Yorke et Jonny Greenwod à Tom Skinner de Sons of Kemet (qu’on retrouve en solo plus bas dans la sélection bonus), disque de l’été d’IRM et plus encore, mais ma passion pour la facette la plus foisonnante et éthérée de Radiohead, de How to Disappear Completely à Daydreaming en passant par Pyramid Song et Weird Fishes/Arpeggi, a eu raison de mes hésitations, cet Open the Floodgates en prenant la continuité directe avec ses fourmillements électroniques, son piano hiératique et ces ondes Martenot aux textures oniriques.
4. Dominique A - Désaccord des éléments
Retour en grâce inespéré disais-je, et avec un peu de chance la fin d’un désamour de 10 ans pour celui qui m’avait tant accompagné entre La mémoire neuve et L’horizon. J’aurais tout aussi bien pu mettre Dernier appel de la forêt ou Le monde réel, et ils se seraient retrouvés exactement à la même place, c’est dire la beauté de ce disque aux orchestrations renversantes. C’est toutefois Désaccord des éléments qui emporte le morceau, pour son bref basculement final d’une délicatesse presque pastorale à une inquiétude palpable sous l’impulsion des cordes et des bois dont l’harmonie glisse peu à peu de la mélancolie vers l’anxiété.
3. Chaninja - Inner Emptiness
D’un côté, il y a le petit monde paradoxalement aseptisé de ce que l’on appelle lo-fi hip-hop aujourd’hui, ces beats passe-partout pondus à la chaîne sur des boucles easy-listening estampillées Ableton, qui font le bonheur des bobos adeptes des playlists Youtube ou Spotify pour étudier, se relaxer, faire sa cuisine, son yoga, son jardin ou que sais-je encore. De l’autre, il y a Chaninja, qui déjà préfère le grain organique de la SP et des samples jazz ou ciné d’époque et a surtout su revenir aux sources du genre avec l’instinct du backpacker et un foisonnement d’idées et de petites audaces de construction. Pour l’instant, cela se décline surtout via des vidéos sur Instagram où elle se met en scène de façon ludique et décalée en performant des démo tracks plus ou moins légers et mélancoliques, mais en attendant un premier EP prévu pour bientôt, c’est sans jamais me lasser que j’ai poncé ce premier véritable morceau, sommet de la compil de soutien aux Ukrainiens du label Modern Stalking Audio capable de charrier par-delà sa fausse simplicité le même genre de désespoir troublant qu’un vieux The Third Eye Foundation, avec ses harmonies crève-cœur de samples et de synthés.
2. Portico Quartet - Next Stop
S’il y a déjà une demi-douzaine d’instrumentaux dans ce classement et au moins autant dans la sélection bonus, ça reste bien peu au regard de mes passions en la matière. Alors, pourquoi Portico Quartet plutôt que tant d’autres, par exemple ? Déjà parce que l’EP Next Stop fait partie de mes claques avérées de l’année, et parce que son morceau-titre en particulier m’évoque un univers que j’affectionne tout particulièrement et qui reste l’apanage d’une poignée de musiciens à la fois instinctif, cérébraux et rompus à l’improvisation, des Américains Tortoise aux Australiens Tangents en passant par le Britannique Hidden Orchestra, capables de mêler l’abstraction de l’électronique, la tension fébrile d’un post-rock ultra-dynamique et la liberté du jazz, avec dans le cas des Londoniens qui nous occupent ici une grosse louche de spleen sous-jacent.
1. Belts - Wasted Efforts
Les groupes indie rock qui ne m’ont pas gonflé cette année se comptent sur les doigts d’une main, autant dire qu’il était peu probable d’en retrouver un en tête de ce classement. Mais quelque part, pas étonnant que celui avec le plus de coeur, de générosité, de mélodicité désarmante et d’équilibre entre songwriting évident et guitares abrasives nous vienne d’un label essentiellement hip-hop (Anette Records) et soit passé complètement sous les radars des passionnés de noise pop/rock 90s, un état de fait qui en dit évidemment plus long sur l’inattention de notre époque (après tout on a les prescripteurs qu’on mérite) que sur ces Allemands qui plus encore que Sebadoh, Built to Spill, Dinosaur Jr ou Drive Like Jehu, me font surtout beaucoup penser à feu Sharon Stoned (le lien avec Lou Barlow demeure donc !), et en particulier sur ce titre, à leurs morceaux interprétés par Markus Acher de The Notwist pour cette absolue sensibilité sous l’électricité. Un classique instantané, et surtout un excellent disque dont on reparlera.
Hors classement : Konejo - Ghostly Lampposts in the Wetland (Cloudwarmer Remix)
Je ne vais pas m’en cacher, Konejo ça n’est autre que votre serviteur. Mais la perfection syncopée de cette relecture évocatrice du meilleur du trip-hop instrumental de Mo’Wax ou Ninja Tune doit tout à mon compère d’Aries Death Cult le New-Yorkais Eddie Palmer, l’un des artisans de ce premier album de remixes de The Moodygoer qui me laisse sans voix (et qui sera suivi dans la foulée d’un second volet toujours chez Mahorka).
22 morceaux supplémentaires (ordre alphabétique)
Bill Callahan - Naked Souls
The Dirty Sample - Pain Before Pleasure
Giallo Point - Long Road
Grosso Gadgetto & Black Saturn - Dream Warrior’s of Reality
Gwenno - An Stevel Nowydh
KHΛOMΛИ - UИ RΛIL DE FΛRIИE
Kode9 - Angle of Re-Entry
Monolithe Noir - Barra Bouge
Nadja - Rue
NCY Milky Band - Le Cascadeur Fleuriste, Pt. II
Ockham’s Blazer - Drone
Oizak - Repérage Désordonné
Beth Orton - Arms Around a Memory
Pan Amsterdam & Damu the Fudgemunk - Stick Around
rand - Lucid
Rival Consoles - Beginnings
John Sarastro feat. Mike Ladd, Pastense & DJ Robert Smith - Strange Times
Tom Skinner - The Journey
Jesse Tabish - Keep You Right
Widowspeak - Unwind
billy woods feat. Breeze Brewin & El-P - Heavy Water
Zoën - Water Cycle
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- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Sacco & Vanzetti - BEHEMOTH
- Ari Balouzian - Ren Faire OST
- Robin Guthrie - Astoria EP
- Maxence Cyrin - Passenger
- Le Crapaud et La Morue - La Roupette
- Nappy Nina & Swarvy - Out the Park
- Greg Cypher - Hello, I Must Be Going
- Hugo Monster feat. Paavo (prod. LMT. Break) - Checks In The Mail
- Bruno Duplant - du silence des anges
- Roland Dahinden performed by Gareth Davis - Theatre Of The Mind
- Ari Balouzian - Ren Faire OST
- Roland Dahinden performed by Gareth Davis - Theatre Of The Mind
- Andrea Belfi & Jules Reidy - dessus oben alto up
- Tarwater - Nuts of Ay
- IRM Expr6ss #14 - ces disques de l’automne qu’on n’a même pas glissés dans l’agenda tellement on s’en foutait : Primal Scream ; Caribou ; Tyler, The Creator ; Amyl and the Sniffers ; Flying Lotus ; The Voidz