Luis Francesco Arena - High Five
High Five, inattendu nouvel album de Luis Francesco Arena porte très bien son nom.
1. Gillian
2. Every Missing Part
3. With New Eyes
4. A Picture Of You
5. Colorblind
6. New Attraction
7. Guess My Powers
8. Counterclockwise
9. Poisoner
10. Breathe
11. Fake Alibi
12. Simple Math
Je n’ai jamais été un fanatique de Francky Goes To Pointe-à-Pitre, groupe que j’ai toujours trouvé sympathique (en concert notamment) mais qui n’a jamais fait naître en moi le besoin irrépressible d’acheter ses disques. Je ne suis pas non plus un grand connaisseur de RubiCan. J’ai bien écouté Trouble-Fête (2016) mais je n’en garde qu’un très vague souvenir, enseveli sous d’autres très vagues souvenirs d’écoute. Il me semble que j’avais plutôt bien aimé le précédent Luis Francesco Arena, Stars And Stones (2013), pour sa pop ornementée mais élégante, son orfèvrerie mélodique et sa très chouette pochette mais ça remonte à loin et je ne l’ai pas beaucoup réécouté depuis. Autant dire que lorsque j’ai posé mon oreille sur ce High Five inattendu, je ne m’attendais à rien.
Le projet était normalement mort mais Pierre-Louis François l’a aujourd’hui ressuscité notamment via la rencontre d’un nouvel instrument, la Bass VI (qui comme son nom l’indique est une basse à six cordes). De fait, on ne trouvera aucune guitare sur cet album mais la fameuse basse partout, dans tous les recoins, même les plus obscurs (le splendide Simple Math qui vient clore le disque). On sent bien qu’elle a eu une influence énorme sur l’écriture du bonhomme. Envolée la foultitude de détails baroques qui faisait l’ordinaire de Stars And Stones, aujourd’hui la musique de Luis Francesco Arena a gagné en sécheresse et ça lui va bien. Divinement bien même.
Bien plus minimalistes qu’ils ne l’ont jamais été, les morceaux ont gagné en envergure et leur palette émotionnelle s’est considérablement enrichie. Auparavant, tout était parfaitement ciselé, réfléchi, soupesé mais la musique s’affublait d’un air vertical qui m’a toujours tenu à distance : c’était incontestablement bien foutu mais aussi trop papier glacé et alambiqué. En optant pour la simplicité, en rabotant drastiquement les ornementations, en abandonnant le surplus de lyrisme, High Five imprime une empreinte bien plus profonde sur le cortex.
Épaulé par Nicolas Cueille (aka Seal Of Quality), Luis Francesco Arena échafaude un disque au clair-obscur très travaillé. Le souffle mélancolique qu’il exsude confère une élégance attachante aux morceaux. Nuancés, ils se détachent les uns des autres via des changements subtils d’éclairage les rendant solaires ou au contraire plus tourmentés. On passe d’une pop enlevée (Gillian, Every Missing Part ou A Picture Of You) à des choses plus solennelles (Colorblind, New Attraction ou Guess My Powers) voire carrément intimistes (Breathe) avec un goût prononcé pour la mélodie qui se ruban-adhésive à l’épiderme. Et puis il y a aussi ces morceaux qui mélangent tout et, une fois bien calés derrière les yeux, dévoilent toute leur majesté : Counterclockwise ou encore Simple Math impressionnent fortement et apportent une épaisseur supplémentaire à un disque qui ne manque pourtant pas de densité.
Luis Francesco Arena s’est ainsi recentré sur l’essentiel. Ce n’est pas non plus un changement drastique par rapport à ce que l’on connaissait mais en simplifiant l’équation, il a gagné en subtilité. Alors que jusqu’ici les morceaux donnaient parfois l’impression d’être au service d’arrangements très travaillés, sur High Five, c’est l’inverse qui se produit : l’aspect ciselé n’est là que pour servir le disque et c’est sans doute pour cela qu’il fonctionne si bien.
Tout est sombre sur la pochette, une main fantomatique se mêle à la végétation noire mais on voit pourtant clairement le chemin. À bien y regarder, un chouette résumé de ce qu’a accompli Luis Francesco Arena avec ce décidément très chouette High Five plein de justesse.
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