Pour le quatrième album de Michel Cloup Duo, l’ancien membre de Diabologum a de nouveau fait confiance à Julien Ruffié qui remplaçait déjà Patrice Cartier derrière les fûts sur Ici Et Là-Bas, prédécesseur de ce Danser Danser Danser Sur les Ruines. Danser sur un disque de Michel Cloup ? Et pourquoi pas. On s’imagine volontiers laisser aller son corps, les pieds nus (et salis par les dépôts de crasse), au milieu d’un terrain désaffecté où des enceintes lo-fi cracheraient les hymnes composés par Michel Cloup.

Des hymnes, vraiment ? Et pourquoi pas. Désignant l’assistance réunie à l’Ubu à Rennes en avril dernier, le Toulousain n’hésitait pas à évoquer une "coupe du monde de la gauche". Ces hymnes seraient donc ceux de la révolte populaire. Et c’est là que l’on ne saisit pas tout à fait ce communiqué de presse qui indique que les paroles de ce cru seraient plus abstraites que jamais.

En réalité, Michel Cloup ne coupe jamais le cordon avec ces scénettes de vie quotidienne qu’il capte et associe à des enjeux sociologiques macroscopiques. Les Invisibles semble évoquer la démesure du temps consacré aux nouvelles technologies ("ce n’est pas Marvel, DC Comics, c’est pas Netflix, c’est la vraie vie"), là où l’on se rappelle d’un Michel Cloup qui parle sans doute en connaissance de cause, lui qui était très actif sur les réseaux sociaux il y a quelques années. Mais ce titre, pourtant composé avant novembre 2018, pourrait faire écho au mouvement des gilets jaunes. Clairvoyant dans l’évolution de la situation de son pays, on pourrait soupçonner le Toulousain d’avoir consacré ce disque à une révolte qu’il sentait venir. Pas nécessairement sous cette forme, évidemment, mais il humait ce vent bien en amont et l’accueillait avec bienveillance, se permettant ainsi un optimisme assez inhabituel chez lui.

Que ce soit dans une projection positive sur Le Futur Dans Tes Yeux ("ce jour-là, j’ai vu le futur dans tes yeux, et il était bien plus heureux que prévu") ou de manière un poil plus cynique en imaginant un eldorado sur Amnesiques Heureux ("il y a tant de bonne musique partout, il y a tant de bonnes vibrations"), Michel Cloup n’a plus peur des lendemains qui pourraient chanter.

En espérant que son parler-chanter nous accompagne encore longtemps, du moins s’il hisse la barre à ce niveau. Du premier single Les Invisibles à Le Jour D’Après, Celui Qui Suit, l’authenticité du parler-chanter du Haut-Garonnais prend appui sur une instrumentation brassant plus large qu’à l’accoutumée car dépassant l’association guitare-batterie pour y adjoindre des sonorités plus électroniques (comme sur Les Vrais Héros Ne Meurent Jamais saturé par un inhabituel synthé), et les mélodies sont souvent dissimulées derrière l’électricité sans jamais être noyées par cette dernière. La formule fonctionne, l’ensemble frappant l’auditeur en plein cœur. Sans utiliser de LBD...