Michel Cloup Duo - Ici Et Là-Bas
Michel Cloup est un personnage, c’est une évidence. De ceux qui comptent dans le paysage sonore hexagonal. Ne faisons pas à l’ex-membre de Diabologum ou Experience l’injure de récapituler son parcours, toujours est-il qu’après Notre Silence (2011) et Minuit Dans Tes Bras (2014), le Toulousain est de retour avec un troisième album sous son véritable patronyme.
1. Qui Je Suis
2. La Classe Ouvrière S’Est Enfuie
3. Ici Et Là-Bas
4. Deux Minutes Vingt-Cinq
5. Nous Qui N’Arrivons Plus A Dire Nous
6. Animal Blessé
7. D32W
8. Séparer
9. Nouveau En Ville
10. Étranger
11. Une Adresse En Italie
Sous son véritable patronyme, ou presque. Il est vrai que, depuis deux ans déjà, l’artiste a fait tomber les parenthèses qui encadraient la mention "duo". Et si Ici Et Là-Bas est toujours le produit d’une paire menée par Michel Cloup, Patrice Cartier, qui officiait jusqu’alors derrière les fûts, cède ici sa place à Julien Rufié dont le jeu plus brutal donne un nouvel élan à cette production.
Que l’on ne s’y trompe pas, cependant. Ici Et Là-Bas n’est pas un disque à sens unique. S’il s’avère plus enlevé sur certains titres tels que les évidents singles La Classe Ouvrière S’Est Enfuie et Nous Qui N’Arrivons Plus A Dire Nous, voire même Animal Blessé où l’union d’une batterie acerbe et de riffs énergiques permet un dynamisme indéniable, cette orientation n’est pas systématique : elle sert à soutenir la contestation et la répulsion des inégalités sociales que le Toulousain met ici en avant.
Surtout, ce troisième opus semble être le plus introspectif de la discographie de l’ex-membre de Experience. La faute à un voyage à Rome entrepris il y a déjà plus de trois ans. Entre période de deuil maternel et perte de repère, les questionnements relatifs à l’identité ont assailli Michel Cloup et les différents événements de l’année 2015 ont probablement contribué à leur réémergence. L’album s’ouvre ainsi avec un Qui Je Suis désabusé, symptomatique du ton général d’Ici Et Là-Bas.
Pas besoin toutefois d’être victime de morcellement pour présenter des facettes différentes. C’est même le témoin d’une richesse culturelle et identitaire. Aux côtés des morceaux plus enlevés s’invitent donc d’autres titres plus intimistes, mais jamais dénués de cette tension et cette rage qui hantent en permanence le disque. D32W et Nouveau En Ville s’inscrivent dans cette veine. C’est également le cas de Deux Minutes Vingt-Cinq, assez représentatif de l’effet que peut produire ce disque, en ce sens où la première écoute peut laisser le goût d’une redite à laquelle se greffe le goût du "reviens-y", libérant tout son charme au fil des écoutes.
Michel Cloup explore également de nouvelles contrées aux frontières d’un post-rock ambient teinté de spoken word sur les deux titres finaux que sont Étranger et Une Adresse En Italie. Les plus personnels, assurément, d’un disque où le "je" est pourtant - déjà - de rigueur, ils mêlent habilement une instrumentation aérée à des considérations socio-familiales touchantes.
On n’oubliera pas le petit bijou éponyme, Ici Et Là-Bas, qui voit l’ex-Diabologum entreprendre un bel exercice de style, déclamant l’air de rien son texte comme certains réciteraient des poèmes, c’est-à-dire légèrement hanté avec une forme de nonchalance, sur une mélodie minimaliste appuyée par des percussions roulantes, le tout avec une progression efficace qui glisse, aux deux tiers du morceau, vers une forme de post-rock.
Michel Cloup est humble, mais son poing est toujours aussi rageur. Congruent avec ses thèmes de prédilection, il ne tourne pas pour autant en rond, et ne s’inquiète pas de perdre ses moyens en grattant le vernis qui l’empêchait jusqu’alors d’adopter un ton si personnel. En somme, s’il se met parfois à nu, ce n’est pas pour le plaisir d’utiliser une attitude autocentrée, mais bien pour continuer à ausculter les dérives égotiques de ses contemporains.
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