Hekla - Á
Hekla fait partie de ces curiosités qui, de part la nature même de leur musique, ne peuvent que susciter notre intérêt. Ici, c’est l’utilisation quasi-exclusive du thérémine, cet instrument de musique électronique datant de 1919 qui va apporter toute sa singularité à ce premier album.
1. Hatur
2. Í Hring
3. Muddle
4. Heyr Himna Smiður
5. Arms
6. Ekki Er Allt Gull Sem Glóir
7. A Way
8. Í Felum
9. Slit
10. Stundum
Evidemment, il ne suffit pas d’utiliser un instrument sortant de l’ordinaire pour signer un chef-d’œuvre, cela se saurait ! Alors que les sceptiques se rassurent, Hekla Magnusdottir, de son nom complet, a ajouté créativité et sensibilité à sa technique et sa maîtrise - impressionnantes, il faut bien le dire. Mais tout d’abord, nous avons cherché à nous renseigner un peu sur l’artiste, qui, avouons-le, nous était inconnue il y a encore quelques mois. Facebook nous dit qu’il s’agit de « minimal Sci-fi ». Nous voilà bien avancés. Reste enfin sa musique qui, finalement, se suffit largement à elle-même, tant par sa richesse que par sa beauté.
Á (prononcez « Ao »), sorti en septembre dernier, est le premier album de l’Islandaise, composé, donc, à partir du thérémine et essentiellement chanté en islandais. Cette association nous entraine dans un monde féérique - quoique non-épargné d’inquiétudes latentes - et hors du temps, au sein duquel Hatur, morceau d’ouverture aux boucles simples de prime abord, mais terriblement efficace, contribue à nous mettre en apesanteur. Surtout, ce qui interpelle, c’est le « comment ». Comment est-il possible de produire de tels sons avec ce seul instrument ? Que ce soit des basses profondes, des chants d’oiseaux, des sons quasiment drone… rien ne semble impossible pour Hekla tant sa connaissance de son instrument semble totale. Les arrangements sur Í Hring, par exemple, aux sonorités asiatisantes, sont d’une véritable richesse qui permettent de redécouvrir le morceau un certain nombre de fois avant de pouvoir saisir toute la complexité et la finesse dont il fait preuve, le tout étant surplombé d’un chant fragile et touchant.
Et, bien que le thérémine soit un objet relativement récent, les ambiances baroques nous font oublier que nous sommes effectivement en présence d’un instrument on ne peut plus électronique, en point d’orgue Heyr Himna Smiður, hymne traditionnel islandais (à ne pas confondre avec Lofsöngur, l’hymne national). Bien qu’uniquement instrumental dans cette reprise, les harmonies sont reproduites, illustrant gravité et mélancolie. Tout simplement superbe !
Au fur et à mesure de l’album, Hekla décline les styles, passant d’un univers classique à un univers contemporain, comme sur Ekki Er Allt Gull Sem Glóir où les notes éparses agrémentent une complainte épurée, telles des gouttes de pluie tombant de façon inopinée avant que n’arrive le plus fort de l’averse. Une alerte, en somme, avant la tempête. Ici, la tempête se nomme A Way et apporte dans son sillage une atmosphère nettement plus électrique et minimaliste. Des sonorités électroniques que nous avions déjà rencontrées dans une autre mesure, sur Muddle et Arms. Le premier cité arbore crépitements et autres bourdonnements, renvoyant l’image d’un monde mourant, les dissonances finales ne faisant qu’accentuer cette impression d’agonie. Arms, quant à lui, s’ouvre sur ce qui pourrait s’apparenter à un hélicoptère qui survolerait, justement, ce monde dévasté et pourtant pas dénué d’espoir. Car finalement, tous ces égarements électriques ne semblent être là que pour nous ramener davantage à la Terre et la Nature.
C’est sur la litanie de Stundum que se termine cet album, minimaliste et pourtant bien plus complexe qu’il ne le paraît. Á surprend autant qu’il enchante !
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