IDOLE : 1. Représentation d’une divinité (image, statue…), adorée comme si elle était la divinité elle-même. 2. Personne ou chose qui est l’objet d’une adoration.
Phénomène culturel japonais bien connu depuis un moment déjà, le mouvement musical basé sur des jeunes et jolies chanteuses (idols), souvent habillées comme des toutes jeunes filles, souvent en uniforme de lycéennes, est symptomatique d’un pays dans lequel tout est exacerbé, exagéré. Il n’aura pas fallu grand chose pour faire basculer tout ça du côté obscur. La rencontre de quelques uns de ces girl-bands (comme BiS) avec des grands noms de la noise japonaise (Hijokaidan) ont suscité notre intérêt dans ce qui s’est avéré un pan entier de culture musicale à peine connu chez nous. Au Japon, depuis quelque temps, l’industrie musicale et ses acteurs pratiquent une hybridation relevant du monstre de Frankenstein, que ce soit pour faire le pont entre culture kawai et musique brutale (Candye Syrup), faire chanter des intelligences artificielles sur fond de bruit (Hatsune Kaidan, un autre projet de Hijokaidan), faire rimer synth-pop avec cyberpunk (Oyasumi Hologram), revivre les années heavy-metal avec des choeurs j-pop (Fruitpochette et sa section rythmique inhumaine) ou bien tout mélanger dans un chaos furieux entre vocoders, techno, metal et variété (Yamitsuki Company, Mistress). Les plus furieux louchent vers le punk pur et dur avec force effets gore et grotesques (Hanakosan, qui brutalise son public en live, Drop qui, dans leur clip, se font recouvrir de substance gluante, on vous passera l’analogie, Mistress et leurs vidéos choc) ou sont des ovnis purs et durs qu’on aurait bien du mal à décrire (Minna No Kodomo-Chan ou l’art des transitions brutales, et les étranges JyuJyu) si ce n’est que le chant est toujours féminin, souvent enjoué et joyeux, quand ça ne growle pas ou que ça ne hurle pas avec des sons inhumains. Dans tous les cas, ça reste nouveau et défoulant.
Signalons pour les amateurs qu’un courageux label français, Specific Recordings, fait de très belles éditions vinyles de quelques uns de ces groupes.
Sur ce, il nous reste à vous souhaiter une bonne écoute (enfin, surtout un bon visionnage, le côté visuel faisant intégralement partie du concept), au début ça pique un peu, faut avouer, mais on s’y fait étonnamment vite... et les refrains restent scotchés dans le cerveau pendant des jours.