Matthew Cooper tente de déjouer les habitudes d’écoute de nos contemporains avec cet album au concept singulier (expliqué via les titres des morceaux qui forment une sorte de mode d’emploi aux allures de profession de foi), dont les courts instrumentaux orchestraux, basés sur des nappes de cordes et de drones vaporeux au spleen apaisant et les apparitions fugaces d’un piano réconfortant sur and to randomize, voient leur harmonies en flux tendu se fondre les unes dans les autres quel que soit l’ordre dans lequel ils sont joués.

Un album de 13 minutes ou 13 000 heures dixit son auteur donc, puisque l’idée de jouer Shuffle Drones en lecture aléatoire permet une infinité d’évolutions possibles auquel l’auditeur sera seul à décider de mettre un terme. Dans l’absolu, Eluvium a fait mieux que ces courtes pièces aux variations ultra-minimalistes, et les inconventionnels du format album qui raconte une histoire personnelle avec un début et une conclusion - dont nous faisons évidemment partie - auront sans doute un peu de mal avec le concept du shuffle sans fin mais si vous souhaitez vous couper du chaos ambiant pour durée indéterminée ou vous abandonner à une mélancolie tenace dans le confort d’une atmosphère de sérénité douce mais pas doucereuse, ce disque pourrait bien vous accompagner longtemps.