Le streaming du jour #1882 : Coma Cinema - ’Loss Memory’
La dernière production de Mathew Lee Cothran datait de juin 2013. Et si Posthumous Release, comme son prédécesseur Blue Suicide deux ans plus tôt, était hanté par la mort, cette thématique est toujours centrale sur Loss Memory.
D’une manière toutefois différente. "C’est l’enregistrement final du projet Coma Cinema. Cela a été un beau voyage. Merci à ceux qui ont posé l’oreille dessus" indique d’emblée celui qui s’est établi en Caroline du Nord.
La mort, comme fil conducteur, donc. Ne chante-t-il pas "And as my family dies from cancer, I am teary-eyed and weak" sur le premier titre de l’album ? Le passage de ce morceau introductif, Eventually, au Loss Memory suivant, n’est d’ailleurs pas sans perturber l’auditeur. Celui-ci risque de perdre ses repères en passant d’une pop électrique troublée rappelant les Smashing Pumpkins à une ballade Lennonienne au piano sur fond de boîte à rythmes.
Coma Cinema est capable de jouer sur différents registres, convoquant aussi bien une énergie indie rock ancrée dans les nineties (Tether) qu’une mélancolie éthérée, à l’image d’un Thunder au piano binaire et nappes cotonneuses que Mat Cothran contamine d’un propos toujours ironico-dramatique, à coups de "I am drawn to the mirror in a dull revulsion. I forgive you but I do not know why".
Dans un registre proche de celui de Car Seat Headrest, le sommet de pop dépressive cherchant la lumière que constitue Running Wide Open est construit autour d’une ligne de guitare efficace et d’une batterie concentrée sur lesquelles se greffent quelques effets de pédale gazeux et une voix désabusée qui semble, elle aussi, chercher sa respiration dans un environnement inhospitalier suscitant néanmoins une curiosité suffisante pour que l’on souhaite y gambader.
Là réside probablement tout le sel du projet Coma Cinema. A la manière d’Alex G et d’autres amateurs de sonorités lo-fi spleenesques mettant en avant les guitares et voix imparfaites mais venant du plus profond de l’âme, il sait son environnement défavorable mais continue de vouloir s’y intégrer. Ou plutôt, continuait. Car l’escapade a pris fin. De manière remarquable.
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