Après trois EPs sortis chez Kompakt et quelques 12" relayés par Pictures Music ou Ghostly International, Dauwd Al Hilali se lance pour la première fois dans une oeuvre moins concise. Filiale de Ninja Tune, c’est cette fois Technicolor qui en assure la diffusion.

Avec Theory of Colours, l’artiste né aux Etats-Unis, mais qui a grandi au Pays de Galles, réussit un formidable recueil d’hymnes au farniente. Le caractère chill est évident, mais il n’y a aucune béatitude dans le propos de Dauwd et c’est d’une certaine dimension lo-fi que s’imprègnent des compositions allant de la deep-house à l’IDM tout en intégrant un soupçon de jungle et des éléments jazzy.

Un vaste recueil, qui est souvent le propre des âmes créatives, et qui atteint son point culminant sur un Analogische Memories qui semble sampler certains éléments mécaniques du Packt Like Sardines In A Crushd Tin Box de Radiohead. Ceux-ci sont associés à des beats avenants et entêtants auxquels se greffent également quelques déconstructions rappelant Aphex Twin. Tout un programme mais l’ensemble, apparemment incertain, trouve un équilibre aussi étonnant que pérenne.

Les synthétiseurs modulaires de Unconscious s’enrichissent rapidement de beats éthérés, formant un ensemble qui refuse toute rigidité et préfère arrondir les angles de constructions non-linéaires. Plus énigmatique, Leitmotiv s’apparente à une mise à l’épreuve (forcément) semée d’embûches au cours de laquelle, à intervalles réguliers, des êtres omniscients se rappellent au bon souvenir de l’auditeur en le hantant de leur voix synthétique.

Tout au long de Theory of Colours, le caractère onirique est évident, mais il ne se suffit pas à lui-même. Si une certaine lumière émane de ce disque, la tension n’en est pas moins palpable. Et cet équilibre entre allégresse et méfiance permet, en s’appuyant sur d’ambitieuses constructions qui refusent toute stagnation, d’aboutir à un disque aussi stimulant qu’agréable.