Le streaming du jour #1742 : Watchfoss Records - ’Riding With The Ghost’
Quelle meilleure raison pour créer un label que la genèse d’une compilation en hommage à Jason Molina ? En cherchant bien, il doit y en avoir quelques-unes, mais tout de même, lorsque Stéphane Martin s’est lancé dans l’aventure Watchfoss Records, ses motivations étaient on ne peut plus louables.
Celui qui travaille dans une médiathèque belge a eu l’idée de ce projet en lisant une interview de Pascal Bouaziz dans laquelle il évoquait sa passion pour celui qui est décédé en 2013, âgé de 39 ans. Il a alors contacté quatorze artistes, tous français ou belges, et fans de Jason Molina. Douze ont répondu présents. Le ratio laisse rêveur...
S’agissant des morceaux retenus, Stéphane Martin a imposé qu’ils aient été composés par l’Américain sous l’alias Songs:Ohia, ce qui réduit l’oeuvre de Jason Molina à la période s’étalant de 1997 à 2003, avant qu’il ne signe ses disques sous son véritable patronyme ou sous l’alias Magnolia Electric Co. Et cela tombe plutôt bien puisque ses plus belles productions ont été enregistrées entre 2000 et 2003 avec The Lioness, Ghost Tropic, Magnolia Electric Co. et même Didn’t It Rain.
Sur Riding With The Ghost, les fulgurances s’enchaînenent, et Michel Cloup transforme Cross The Road, Molina en Au Croisement Des Chemins dans une veine proche de son dernier album, l’excellent Ici Et Là-Bas, tandis que Kärlek se réapproprie un Coxcomb Red auquel les fulgurances d’une basse froide donnent un aspect coldwave, le chant de Nancy Verleyen lui ajoutant autant d’espoir qu’elle en renforce la mélancolie. Intriguant.
Par ailleurs, Ghost Tropic, second chef-d’oeuvre réalisé en 2000 avec The Lioness, est mis à l’honneur comme il se doit. Ainsi, Thomas Mery reprend The Body Burned Away au piano, celui-ci devenant Le Corps Il Se Consume, alors que Mendelson se réapproprie No Limits On The Words pour le transformer en un Simplement Vivre minimaliste où Bouaziz semble psalmodier des mots qui le hantent. Enfin, les excellents V.O. reprennent Not Just A Ghost’s Heart en se montrant très (mais pas trop) respectueux de l’atmosphère de l’oeuvre initiale.
Tel est le casse-tête auquel ont été confrontés les auteurs. Rendre hommage, est-ce essayer de capturer à nouveau les ambiances créées par un artiste difficilement égalable, ou s’agit-il d’en prolonger l’influence pour la projeter vers d’autres rives ? Les réponses varient, H-Burns et June Moan appartenant plutôt à la première catégorie avec des versions fidèles aux originales de Hold on Magnolia et John Henry Split My Heart alors que He Died While Hunting donne une seconde vie au poignant The Big Game Is Every Night à la fois clair et saturé et sur lequel le violoncelle désarmant de Philippe Van Bellighen fait des merveilles.
Tous ces titres sont issus de The Magnolia Electric Co., disque le plus utilisé pour les besoins de cette compilation qui constitue autant un formidable prétexte pour (re)découvrir l’indispensable oeuvre de Jason Molina - particulièrement le sous-estimé The Lioness - que le début, peut-être, d’une nouvelle aventure...
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