Le streaming du jour #1838 : Matthieu Malon - ’Désamour’
Depuis 2000 et Froids, Matthieu Malon fait partie de ces discrets artistes oscillant entre des influences rock et un univers plus pop dont l’auditoire demeure désespérément trop restreint.
En effet, avec Les Jours Sont Comptés en 2004 et Peut-Être Un Jour dix ans plus tard, le Français a construit une discographie ambitieuse qui s’enrichit désormais d’un quatrième opus intitulé Désamour.
La voix grave et les paroles intelligibles de l’artiste basé à Orléans tendent à renforcer sa réputation de poète, mais il convient d’éviter les banalités. Désamour ne se contente pas de se regarder le nombril, et ce sont avant toute chose les constructions sonores qui résonnent tels des uppercuts dans les oreilles de l’auditeur.
Soutenu par Philippe Entressangle pour les percussions et Pierre-Emmanuel Mériaud pour les programmations additionnelles et la guitare acoustique tandis que Stéphane Merveille assure une illustration inspirée par le mythique Faith, Matthieu Malon n’en assure pas moins les autres parties instrumentales et captive dès un Ouverture bref et bien-nommé mettant en scène de discrètes voix robotisées qui s’enlacent et se répondent pour mieux préparer le terrain à l’emphase industrielle de Dégage.
Sur La Syncope, des accords de guitare mâtinés de réverbération évoquent les morceaux les plus rythmés de Slowdive. Désamour n’est pourtant pas un disque de noise-pop, et ce sont plutôt les déambulations crépusculaires des Cure qui sont régulièrement convoquées, à l’instar des boucles coldwave d’un Fugue au spoken word évoquant Gontard.
Matthieu Malon expose également, avec une certaine retenue, des tourments que l’on imagine proches de ceux de Michel Cloup sur A L’Electron, odyssée électrique hallucinatoire de plus de sept minutes où, sans aucun mimétisme, la filiation artistique avec l’ex-Diabologum est évidente. Plus pop mais pas dénué d’un caractère caustique, La Coureuse évoque davantage, y compris sur le plan vocal, l’univers de Jean-Louis Murat. Et Ce T-Shirt de Sonic Youth convoque également une pop hantée sur laquelle viennent même se greffer des cordes frottées envoûtantes.
La fin du disque ressuscite de nouveau, et plus que jamais, le meilleur des boucles froides assurées par Robert Smith et ses acolytes, à l’instar du Désamour homonyme où l’ambiance cryptique n’est pas sans évoquer Seventeen Seconds, ou du brillant Un Essai Gratuit final qui sonne comme la rencontre de Benjamin Biolay et Gontard sur le plan vocal avec un phrasé nonchalant tentant parfois de se révolter, tout en assumant d’évidentes influences coldwave au niveau musical. Percutant, audacieux et authentique, Désamour est une curiosité précieuse.
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