Velkomin til Ísland #1 - Ösp Eldjárn
En marge des Coachella, Glastonbury et autre Route du Rock qui rythment les étés des globe-trotteurs mélomanes, un autre festival - plus au nord - s’inscrit chaque automne dans l’agenda des curieux : les Iceland Airwaves. Loin des étendues champêtres, auxquelles le climat islandais est peu propice en cette saison, le festival, qui a vu le jour en 1999 dans un hangar de l’aéroport de Reykjavík, ne cesse de prendre de l’ampleur, et a finalement envahi le quartier 101 qui se transforme pendant 5 jours en une fête de la musique géante, la qualité garantie en prime.
Avec une programmation éclectique, mêlant artistes locaux et étrangers, Arab Strap, Fleet Foxes ou encore Mumford & Sons - pour ne citer qu’eux - sont annoncés cette année.
A l’approche des festivités, IRM se met à l’heure islandaise pour vous présenter des pépites à (re)découvrir, qu’elles soient programmées ou non.
Pour ce premier volet, direction le nord de l’Islande d’où est originaire Ösp Eldjárn. Également connue via son groupe Brother Grass, l’Islandaise, désormais basée à Londres, a sorti son premier album solo, Tales From A Poplar Tree, en mars dernier.
Ce conte mélancolique s’ouvre sur un piano-cordes-voix sobre et diablement efficace. Simple d’apparence, Ástarnetið sait aller à l’essentiel et nous permet de découvrir tout le lyrisme de la voix, si reconnaissable, d’Ösp. Cette voix qui est dès lors l’élément principal de ce disque. Une voix qui, à elle seule, est capable de nous plonger au cœur d’un univers à la fois chaleureux et tourmenté. Alors, bien sûr, certaines références apparaissent de manière assez évidente, telle que la profondeur de Joan Baez comme sur Tree Without A Root ou Advice, ou encore les envolées glaciales d’Ölof Arnalds (Bak Við Fossinn) mais Ösp Eldjárn est parvenue à se créer une identité vocale propre qui sied à merveille à ce songwritting onirique, tantôt en islandais, tantôt en anglais.
Et, si la musique reste épurée, elle n’en est pas moins délicate et subtile. Essentiellement composé à partir de la guitare, ce disque nous ramène aux grandes heures de la folk, avec des arpèges éthérés que n’aurait pas reniés Paul Simon (Bak Við Fossinn). Lorsque la guitare laisse la place au piano, c’est alors une atmosphère plus grave qui apparaît, comme sur Klettabrúður où les accords plaqués accentuent l’aspect mystérieux du morceau.
Toutefois, Tales From A Poplar Tree ne se contente pas d’être une relecture de classiques et ce, grâce aux arrangements rappelant les origines islandaises de l’artiste. Sur Tree Without A Root, par exemple, le bottleneck est de sortie pour accompagner la première guitare en arpèges, tout comme les violons qui montent progressivement en puissance pour un crescendo final tout en finesse. A d’autres moments, les nappes électriques se font plus discrètes, mais non moins indispensables (Pillow Talk, Advice). Et enfin, il y a ce Neverland, magnifique bien que presque dérangeant, où les chœurs s’invitent et créent une polyphonie de toute beauté apportant une ambiance quasi délétère sur ce titre, qui se démarque nettement du reste de l’album.
Ösp Eldjarn a de quoi séduire, tant par sa voix que par sa musique, et ce premier album mérite une place de choix dans les sorties de 2017.
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