Lowly - Heba
"Noise-pop et tout ce qu’il y a au milieu". Telle est la manière dont Lowly définit la tonalité de son premier long format intitulé Heba. Il est vrai que le quintet danois brasse des influences larges, la faute à des goûts extrêmement hétérogènes chez chacun des membres qui ne s’autorisent que Radiohead comme objet d’intérêt partagé.
1. Still Life
2. Deer Eyes
3. Look At The Sun
4. Mornings
5. Cait #2
6. Prepare The Lake
7. Stubborn Day
8. Pommerate
9. No Hands
10. Word
11. Not So Great After All
Le claviériste Kasper Staub enfonce le clou de la diversité, assurant que "nous concevons notre musique et ses paroles comme une peinture, nous pensons que tout devrait s’y mélanger à l’intérieur". Lowly n’échappe pas à quelques écueils, notamment celui d’excès d’emphase et de grandiloquence dans le chant, rappelant ainsi les dérives des derniers Air (Stubborn Day).
Les plus belles heures du duo français, à commencer par Moon Safari, constituent néanmoins une influence perceptible sur certains titres (Still Life ou le single en puissance Deer Eyes) alors même qu’avec sa boîte à rythme synthétique, ses textures granuleuses oniriques et surtout son chant, Look At The Sun serait davantage à rapprocher du premier disque d’autres Scandinaves - selon l’acceptation au sens large - en l’occurrence múm, à considérer toutefois dans une version moins déstructurée.
Cette dream-pop est donc accessible et comporte des mélodies congruentes. Elle admet toutefois des passages plus sévères - à défaut d’être résolument noisy comme l’affirme le groupe - à l’image d’un Mornings faisant la part belle à des digressions vintage au niveau de synthétiseurs rappelant des ambiances chères à Tristesse Contemporaine.
Difficile de passer sous silence l’ovniesque Prepare The Lake qui propose, derrière une ligne de chant immuable et éthérée, une instrumentation alternant pop et vibrations aux confins de l’ambient et de l’IDM. Surprenant tant ces univers disparates se mêlent et s’enchaînent sans jamais que l’effet ne semble forcé.
Au milieu de Heba, certains titres peuvent parfois manquer de rythme (Stubborn Day voire Pommerate qui n’est pour autant pas inintéressant musicalement malgré son caractère dépouillé), mais l’on retiendra néanmoins les agréables moments de contemplation offerts par No Hands, la tension presque coldwave de Word et le sample fuzz spectral d’un Not So Great After All qui pourrait ressembler à un titre de Camp Claude mâtiné de spoken word.
Malgré ses défauts et sa relative candeur, Heba n’en reste pas moins un disque réussi. La maturité n’est pas une vertu à rechercher à tout prix. La naïveté a parfois beaucoup à offrir et à l’écoute de cet album, il est indéniable que Lowly y a mis tout son cœur en s’appuyant sur un chant féminin élégant malgré ses excès et un attrait pour les nappes froides et cotonneuses. Charmant.
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