Sin Fang - Spaceland
Avant de s’acoquiner avec Sóley et Örvar Smárason (múm) pour un projet qui nous accompagnera toute l’année, Sin Fang publiait en 2016 son quatrième disque signé chez Morr Music. Une habitude chez ce fidèle dont le dernier effort s’inscrit néanmoins dans une veine légèrement différente des précédents et de l’essentiel du catalogue du label allemand.
1. Candyland (feat. Jónsi)
2. Not Ready For Your Love
3. Lost Girls
4. I Want You To Know
5. Never Let Me Go (feat. Sóley)
6. Please Don’t (feat. Farao)
7. Branch
8. Snowblind
9. Down (feat. Jfdr)
Conçu comme un labeur thérapeutique en réponse aux troubles anxieux dont il est atteint, Spaceland prolonge l’évolution perceptible depuis le Clangour initial, réalisé en 2008 à une époque où l’Islandais signait ses productions sous l’alias Sin Fang Bous, en ce sens que la pop glaciale se fait plus sombre, sérieuse et que le débit tend à ralentir.
Sindri Már Sigfússon serait-il en train de devenir agaçant ? A-t-il encore quelque chose à dire ? Ce sac plastique arboré sur le visage en guise d’illustration graphique du disque n’est pas à prendre comme l’allégorie d’un quelconque mutisme conditionné par une perte d’inspiration. Non, il symbolise seulement les crises de panique auxquelles Sin Fang est régulièrement sujet. Pour se remettre de tels troubles, il est nécessaire de se faire aider. Sur le plan thérapeutique ou médical, dans un premier temps, mais aussi en sublimant son art. L’Islandais a cumulé ces différentes options en faisant de Spaceland le réceptacle de ses angoisses, et en sachant s’entourer pour ne pas supporter seul l’immense poids d’un tel accouchement musical.
Il est toujours plus facile de s’entourer sur une aussi petite île que l’Islande, et il a d’ailleurs sollicité le plus prestigieux de ses concitoyens en la personne d’un Jónsi que l’on retrouve d’ailleurs dans une veine étonnante et reconnaissable seulement par intermittence au chant de l’introductif Candyland. Il s’acoquine également avec Farao, Jfdr (de Pascal Pinon) ou surtout Sóley, son compagnon au sein du projet Seabear.
Initialement considéré comme une récréation dudit projet Seabear, la discographie de Sin Fang s’enrichit et si certains déploreront l’utilisation d’une électronique parfois tape-à-l’œil (l’autotune d’I Want You To Know est clairement dispensable, tandis que Snowblind peut même horripiler), Sindri Már Sigfússon parvient pour le reste à trouver un équilibre convaincant entre l’accessibilité de sa pop glacée et le virage à mi-chemin entre r&b et dubstep qu’il entreprend ici.
Contrairement au cochon, tout n’est donc pas forcément bon sur Spaceland, et quelques facilités pourront distraire l’auditeur ici et là. Il n’en reste pas moins quelques sommets. On citera ainsi un Never Let Me Go sublimé par la voix d’un Sóley plus passionnante encore qu’en solo, Not Ready For Your Love, Candyland avec Jónsi ou la surprenante Down qui conclut dans une veine tellement orientée rnb que l’on n’ose pas évoquer à qui elle nous fait penser alors même que l’efficacité et l’authenticité de la démarche sont indéniablement au rendez-vous.
En somme, Spaceland n’est pas le meilleur disque de Sin Fang (Clangour et Flowers se posant là). Il est peut-être même le moins réussi en ce sens qu’il est le plus hétérogène. Il n’en reste pas moins qu’il sait se faire particulièrement attachant à ses heures et, bien qu’il n’ait pas choisi la direction la plus ambitieuse, on ne peut que louer le fait que l’Islandais refuse le surplace artistique… en espérant secrètement qu’il revienne, guéri de ses troubles anxieux, vers des contrées plus polaires.
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