Mentionnés en 2010 dans notre "overd00se" des albums essentiels des 00s pour le fabuleux Cluster Ville, on pensait n’avoir jamais l’occasion d’en reparler de leur vivant. C’est pourtant officiel et c’est même la nouvelle du jour, voire de l’année : Abstrackt Keal Agram, AKA pour les intimes, fleurons du regretté label Gooom qui vit émerger au début des années 2000 des musiciens phares du renouveau électro post-French Touch tels que M83, Cyann & Ben ou Montag (Canadien celui-là mais passons), se reforment plus de 10 ans après leur dernière série de concerts, avec un nouvel album à la clé.
Possiblement le groupe français le plus important des 15 dernières années, AKA, avec Boards of Canada, John Carpenter, El-P ou encore Mr.Oizo comme figures tutélaires et par le biais d’un abstract hip-hop cinématographique, crépusculaire, mélancolique, onirique, désespéré voire carrément avant-gardiste (le glitchy Brouillard), saupoudré de synthés morbides et de guitares déstructurées, n’avaient pas manqué d’influencer nombre d’héritiers plus ou moins talentueux (citons pour les "plus" Two Left Ears, Deschannel, Revo, Depth Affect, feu Connecticut et leur beatmaker Fulgeance ou encore l’excellent Monsieur Saï sur son premier opus), véritables passeurs entre l’électro expérimentale d’un label tel que Warp et le hip-hop vicié d’ici (La Caution) comme d’ailleurs - Cannibal Ox, ou Atoms Family au micro sur le génial Mata Hari :
Au terme d’échappées quelque peu inégales, avec le groupe synth pop Fortune pour le guitariste Lionel Pierres (aka My Dog Is Gay) ou en producteur tenté par le mainstream pour l’homme-machine Tanguy Destables, plus connu sous le nom de Tepr (et dont la passe d’armes avec Arm de Psykick Lyrikah l’an passé avait commencé de faire pardonner les fricotages putassiers avec Yelle), on espère ainsi retrouver les Morlaisiens à leur meilleur sur un quatrième long-format à l’automne 13 ans après le précédent, ainsi que sur scène où il défendront dès le printemps leurs nouvelles compos aussi bien que les classiques délicieusement dark et tordus d’une disco bientôt rééditée pour l’occasion.
Une tournée qui débutera le second week-end d’avril par une apparition hautement symbolique à la 20e édition de Panoramas en leur fief de Morlaix, festival qui les avait accueillis en 2000 à leurs tout débuts. Pour la suite, on compte sur vous programmateurs de l’Hexagone pour contacter les bookeurs de chez Wart, faites-nous confiance quand on vous dit que le set du groupe en Avignon à la sortie de leur supposé chant du cygne Bad Thriller (où Arm rappait déjà sur Et La Nuit S’Éternise), parfaite mixture d’abstract hip-hop épileptique et de guitares abrasives, reste l’un des meilleurs souvenirs de concerts pour pas moins de deux rédacteurs d’IRM.