Depuis ses débuts discographiques en 2000, Bonobo reste fidèle au label Ninja Tune tout en suivant un rythme métronomique d’une sortie tous les trois ou quatre ans. Ce sixième album intitulé Migration s’inscrit comme un chapitre supplémentaire d’une œuvre cohérente et explore à nouveau des contrées oniriques.

Dit de cette manière, il ne semble pas y avoir de place pour de grandes révolutions sur Migration. Certes. Pour autant, le Britannique est désormais basé à Los Angeles et c’est donc avec l’œil extérieur de celui qui a pris quelques distances qu’il a pu mesurer l’impact du Brexit et de l’actualité globale de son pays de naissance.

En ce sens, on imagine que le titre de ce sixième effort n’a pas été choisi par hasard, ce que Simon Green confirme d’ailleurs volontiers : "Fabric, Brexit... Il est difficile d’avoir une vraie perspective de tout cela et je ressens une sorte de culpabilité, comme si je devais être là avec mon peuple".

Aussi, si les compositions de l’artiste sont toujours aussi planantes, une forme d’urgence ou d’agitation peut émailler certaines pistes, à l’instar d’Outlier ou du très réussi Second Sun dont les arrangements de cordes créent une atmosphère instable et déroutante mais particulièrement délectable.

Ceux qui regrettaient le caractère emphatique trop prononcé des sonorités déclinées par le Britannique auront donc de vraies chances de trouver leur compte sur ce Migration qui trouve un bon dosage entre instrumentaux ambient, s’orientant au choix vers la chill out, le dubstep (Bambro Koyo) ou revêtant un caractère hanté. Les compositions dominées par un chant sont exécutées avec beaucoup d’à propos, tel ce Surface où la voix de Nicole Miglis rappelle celle de Bat For Lashes. Si la fin du disque souffre de quelques facilités, cela n’empêchera pas l’auditeur de passer un bon moment à l’écoute de ce Migration à classer dans le top 3 des sorties de l’artiste.