Le streaming du jour #1447 : Billy Moon - ’That Which You Can’t Throw Away EP’
Parce qu’il ne constitue pas le registre le plus exigeant, le rock garage peut parfois souffrir d’une forme de désaffection de la part d’une partie des amateurs de musiques actuelles. De temps à autre, il est pourtant tout à fait sain de s’autoriser l’écoute, pendant quelques dizaines de minutes, de sonorités associées à ce courant.
Précisons d’emblée que le nouvel EP de Billy Moon - le quatrième depuis ShittyRocknRoll en 2013, et l’on attend toujours le premier long format - ne se restreint pas uniquement au garage. Il s’en éloigne même franchement sur certaines séquences, à l’instar d’un Different Song (Same Girl) qui lorgnerait davantage vers le Elliott Smith du disque éponyme, tout du moins dans le ton, étant entendu que la beauté et l’évidence des compositions de l’auteur de Roman Candle sont impossibles à égaler.
Pour autant, Billy Moon n’hésite pas à adopter un ton délibérément cool et un son résolument lo-fi. Accoucher de ces compositions semble être une forme de thérapie pour le natif de l’Ontario qui n’hésite pas à indiquer : "J’ai toujours fait de la musique parce que la musique ne juge pas, elle ne vous fait ressentir pas des choses bizarres parce que vous aimez ce que vous aimez, elle vous console de tout le reste".
Le mal-être de l’artiste semble inversement proportionnel à l’aspect décontracté de That Which You Can’t Throw Away, que l’on pourrait trop hâtivement considérer comme le recueil de pop songs d’un post-adolescent insouciant. L’Américain ajoute en effet que "cette musique est conçue pour les périodes de la vie où tout part en l’air, et il ne reste plus que votre disque préféré pour vous faire tenir. Après avoir quitté l’université, j’ai passé deux bonnes années de ma vie à me dire qu’il y avait quelque chose de mal avec moi. Des gens disaient être mes amis, mais je me sentais à des kilomètres de leurs préoccupations. J’avais le sentiment d’être trop négatif, pas assez amusant. Je devais prendre de la distance et m’adapter. Billy Moon a alors constitué une partie de mon identité, un nom que je n’ai pas subi mais que j’ai choisi".
L’image d’Épinal du loseur américain mal à l’aise sur les campus démesurés semble donc convenir à Billy Moon, lequel est capable d’accoucher de pop songs dynamiques imparables, à la manière de ce Roads qui conclue admirablement l’EP et pourrait, dans un monde parfait, constituer une revanche pour l’artiste en s’imposant comme un hymne universitaire.
S’il présente sa musique comme issue de la scène garage, Billy Moon brouille finalement autant les cartes qu’il cogite sur qui il est réellement. Ses titres empruntent autant au registre sus-mentionné qu’aux slackers, et pourraient se classer entre Mac DeMarco et Ty Segall.
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