Le streaming du jour #1437 : Cyrod Iceberg - ’Absenties’
Si l’on aura quelques doutes au moment de laisser l’objet Absenties entre les mains des plus jeunes, la faute à une illustration graphique osée, il n’est pas certain que son contenu sonore soit beaucoup plus adapté pour les paires d’oreilles les moins exigeantes.
Rien de nouveau dans cette assertion cela dit, puisque Cyrod n’a jamais eu pour habitude de se laisser aller à la complaisance. Personne ne pourra d’ailleurs l’accuser de dissimuler la tonalité globale de l’album puisque, dès le Absenties éponyme initial, le Français ne ménage pas l’auditeur et distille des accords triturés à la guitare et quelques déclamations vocales habitées et enflammées. A cette avant-garde aux accents math-rock répond néanmoins, au bout d’à peine une minute, une facette plus immédiate - on serait tentés de dire "pop" mais ce terme n’aurait pas vraiment de sens ici - de Cyrod Iceberg.
Cet habitué de nos colonnes continue de nous surprendre malgré sa livraison moyenne d’un disque tous les six mois et ce sans compter ses différentes collaborations. Ce n’est pas rien, et l’utilisation massive de guitare électrique permet probablement d’expliquer à quel point Absenties se singularise de ses précédents travaux.
Plus habitué à utiliser les guitares en bois (Wanna EP ou Ending Songs) sous cet alias, Cyrille Poumerie offre peut-être avec Absenties le parfait condensé des travaux qu’il réalise en solitaire et de ceux établis en collaboration avec le Californien Red Space Cadet sous le nom de Red Space Cyrod.
Une aubaine donc, pour ceux qui souhaiteraient découvrir l’univers du Rennais d’adoption, et qui ne sauraient par où démarrer au regard de l’étendue de sa discographie. Cette dernière cuvée, qui pourrait être rapprochée, dans la démarche, du Echo de 2013, part dans tous les sens, sans que cela ne soit préjudiciable à aucun moment. C’est que ce disque comporte suffisamment de bonnes idées pour qu’elles se succèdent parfois au sein d’un même morceau rendu méconnaissable au fil de sa progression, comme s’il se composait de plusieurs parties indépendantes qui prennent néanmoins sens en faisant corps, à la manière d’un Paranoid Android chez Radiohead.
On pourra alors citer les ovniesques Glass et Night Ghost qui, et c’est en ce sens qu’elles peuvent dénoter dans l’œuvre de Cyrod, intègrent des accents plus légers mais en même temps tout à fait percutants, créant un effet déroutant. Quoi qu’il en soit, cette pop-noise psychédélique - ce qui ne veut rien dire, mais permet de prendre la mesure du mélange des genres osé - s’avère délicieusement addictive. Que l’on n’y prenne pas trop goût toutefois puisque, au regard du parcours de Cyrod, il serait bien étonnant qu’il se contente d’un quelconque surplace sur son prochain disque.
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