Le streaming du jour #1411 : Moby - ’Long Ambients 1 : Calm. Sleep’
Moby est un type paradoxal. Malgré les succès de Play, 18 et même du plus dispensable Hotel, il revendique toujours son souhait de vivre comme "Monsieur Tout Le Monde", un statut dont on l’affublerait d’ailleurs volontiers s’il n’avait pas été l’un des plus formidables artistes en matière d’électronique à la croisée des deux derniers millénaires.
C’est que, il faut bien être honnête, Moby ne possède pas un charisme hors du commun. Ce qu’il dégage - car il dégage quelque chose de fondamentalement prégnant - relève davantage d’une forme d’étrangeté. Des bizarreries, son parcours de vie en contient d’ailleurs un bon nombre dont certaines apparaissent dans Porcelain, la récente biographie signée par l’Américain.
De plus en plus désireux de s’éloigner et s’affranchir de cette société capable d’ériger en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire n’importe quel quidam en star mondialement célèbre, Richard Melville a décidé de prendre son temps, dans sa vie comme dans son (ses ?) œuvre(s). A titre d’exemple, il vit de plus en plus reclus et a intensifié sa pratique du yoga.
C’est justement dans ce cadre qu’il a accouché de ce Long Ambients 1 : Calm. Sleep, comme il l’explique lui-même : "Ces dernières années, j’ai fait de la musique vraiment, vraiment, vraiment calme à écouter lorsque je fais du yoga ou pour méditer, pour dormir ou lorsque je panique. C’est vraiment tranquille. Pas de batterie, pas de voix, juste quelques jolies cordes et des sons lents".
L’ensemble s’étire sur rien de moins que quatre heures, et s’avèrera un formidable compagnon de sieste, non pas qu’il soit soporifique, mais parce qu’à l’instar du Ghosts I-IV de Nine Inch Nails, il fait partie de ces œuvres musicales trop longues pour être appréhendée attentivement d’un seul bloc, et néanmoins suffisamment riche pour que chacune des séquences, même prises de manière aléatoire - au gré d’un réveil ou d’un sursaut d’attention - soit digne d’intérêt.
Forcément, au regard de la démarche, le contenu nous renvoie prioritairement vers les disques ambient de Wait For Me ou Play. Lent, répétitif, hypnotique, jonglant entre drone et ambient, envahi de nappes contemplatives, de souffles et de captations naturelles bidouillées, Long Ambients 1 : Calm. Sleep n’est pas loin de remporter la palme de l’onirisme en cette année 2016 qui avance à grandes enjambées. Pour preuve, le disque est déjà sorti depuis six mois. A l’instar de Moby, il a fallu prendre notre temps pour en faire le tour. Et le jeu en vaut assurément la chandelle.
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