Il semblerait que, lorsque Retromental a une idée en tête, il s’y accroche jusqu’au bout. A la différence d’un Sufjan Stevens qui déclarait non sans ironie qu’il réaliserait un disque pour chaque état américain, le Turc, déjà auteur des EPs Autumn et Winter, devrait rapidement boucler son projet de dépeindre musicalement chacune des saisons.

Sur Spring, troisième volet de ce cycle, Fırat Tonguç propose un univers profondément onirique sur lequel la tension augmente au fur et à mesure. Ainsi, l’ambient déployée sur Warm In Picnic est parfaitement apaisante, mais les tourments apparaissent dès les premières secondes de 850 KM Far From Home sur lesquelles sont intégrés des field recordings éoliens.

Produire une ambient lorgnant sur le trip-hop est devenu quelque chose de très accessible, si bien qu’il devient difficile de se démarquer de la masse. Le Stambouliote, dont l’ambient expérimentale se situe quelque part entre le trip-hop du New-Yorkais Emancipator et la pop-électronique de ses compatriotes Fuji Kureta, y parvient en faisant émerger simultanément des émotions diverses.

Ainsi, le caractère planant de 850 KM Far From Home, mais surtout 21, est contre-balancé par des lignes plus hostiles et tourmentées. De fait, plus complexe que ce qu’une écoute distraite pourrait laisser supposer, l’univers de Retromental fonctionne comme un système ouvert et son évaluation ne saurait être déconnectée de l’humeur de l’auditeur. De la tristesse à la joie, du spleen à l’espoir, chacun pourra y trouver sur Spring ce qu’il désire, le contenu de la quête étant évidemment modulable au gré des écoutes.