A enchaîner les sorties plus passionnantes les unes que les autres, le collectif We Are Ghosts va s’habituer à cette rubrique. Ainsi, fin octobre 2014, alors même qu’ils se lançaient dans la promotion du génial Miami Original Motion Picture Soundtrack, les Israéliens enregistraient en catimini un nouvel opus.

Il n’y a donc pas que dans ses compositions que la formation semble toujours avoir un coup d’avance. Comme toujours avec la bande, les concerts sont improvisés et font ensuite l’objet d’une sortie physique. Ce "projet de musique spontanée" est risqué, mais la justesse technique et l’approche empathique de musiciens à l’écoute les uns des autres génère une osmose indéniable et délicate.

A N D A R T A, titre de cet opus, est également l’autre nom attribué par les habitants des environs au monument de la Brigade du Néguez. Il ne s’agit nullement d’un hasard puisque la prestation live a été jouée face à ce mémorial.

Changer d’environnement semble être un besoin indispensable à la troupe pour se renouveler. L’improvisation a ses limites, et répéter les mêmes tics de construction pourrait être un écueil évident. Aussi, plus que jamais, les Israéliens prennent le temps de faire évoluer leurs compositions. Ils y intègrent alors des effets électroniques plutôt discrets (à l’exception du court Go ! qui détonne dans la discographie du groupe) mais bienvenus.

L’ensemble oscille toujours entre post-rock (le A N D A R T A éponyme a même, ici et là, un parfum de Godspeed You ! Black Emperor) et le jazz-rock à la Tortoise. Pour autant, certains territoires nouveaux sont volontiers explorés et Yahalom Shachor, morceau introductif, fait émerger quelque chose du Godless des Dandy Warhols dans sa rythmique désarticulée et saccadée. D’une manière générale, c’est sous une facette moins pop que les Israéliens se présentent à nous sur A N D A R T A.

Par ailleurs, on ne saurait que recommander l’exploration de l’univers de We Are Ghosts aux - trop rares - fans d’Orka. Un titre tel que Yesh Gesher partage en effet une philosophie proche de celle des Féroïens. A la limite de l’occident, avides d’expérimentation et probablement en avance sur leur temps, il y aurait en effet beaucoup de liens à effectuer entre les deux formations. S’agissant de We Are Ghosts, après la bande sonore de Miami, l’essai est en tout cas transformé avec grâce et délicatesse.