Vapor Cave, c’est un peu le Deltron boom-bap du Philadelphien Ill Clinton... certes, weed et abandon des sens prenant le pas sur le storytelling épique et les combats spatiaux, mais sinon on y croit, direction l’infini avec détour express par la gueule de bois du mitan des 90s en compagnie de l’un des producteurs abstract les plus intéressants du moment.

Soul interstellaire (Whole Blue Pins), blues cosmique (Culinary), funk astrologique (Mewd), ambient hip-hop (Never Die)... voilà comment le patron d’Us Natives décrit ce périple à travers l’espace en quête d’un microcosme habitable pour suppléer à notre bonne vieille Terre ravagée par l’homme et ses mauvaises manières. Ajoutons à cela quelques accents jazzy bien sentis mais ce que l’on retiendra surtout, c’est la nation d’apesanteur qui préside à ces courts instrus pas forcément tous aussi vaporeux que le titre du disque le laisserait présager quoique assurément épurés à l’extrême, entre beats au cordeau et vocaux liquéfiés (Passage), basses sous lexomil et échos cristallins (Vapor Cave), nappes fuzzy (Whyd Eyed) et scories 90s enfumées dans les conduits d’aération d’une navette spatiale en circuit fermé (le bien nommé The Gas In The Tank).

Parce qu’à bord du Ill Clinton 3030 on ne se contente pas de contempler l’inconnu scintillant au travers d’un hublot (Duhstee), on le rêve avec force substances psychotropes et le successeur du très chouette A M B A P de novembre dernier en perpétue l’esprit jouisseur et mélancolique à la fois jusque dans la lascivité des rythmiques, doublée d’une vraie tranche de spleen en suspension (Polasidous) :