Drcarlsonalbion - GOLD
Drcarlsonalbion est de retour et délaisse les banshees qui peuplaient La Strega And The Cunning Man In The Smoke pour explorer le western allemand. Abstrait et minéral, Gold hypnotise.
1. Gold I
2. Gold II
3. Gold III
4. Gold IV
5. Gold V
6. Gold VI
7. Gold VII
8. Gold VIII
9. Gold IX
10. Gold X
11. Gold XI
12. Gold XII
13. Gold XIII
14. Gold XIV
15. Gold XV
16. Gold XVI
17. Gold XVII
18. Gold XVIII
19. Gold XIX
20. Gold XX
21. Gold XXI
22. Gold XXII
23. Gold XXIII
24. Gold XXIV
Depuis plus de vingt ans, Dylan Carlson, le pionnier du drone metal, nous prouve que la musique heavy peut, elle aussi, être particulièrement novatrice. Loin des inspirations brutes des débuts, le démiurge d’Earth (le groupe s’apprête d’ailleurs à sortir un nouvel album) explore désormais des territoires sonores beaucoup plus variés et désossés en donnant l’impression de n’avoir que pour seul point de mire l’épure totale de sa musique : Carlson écorche la chair, racle un à un les derniers lambeaux de peau qui subsistent et pèle tout ce qui est à peine plus épais que le rien pour atteindre le squelette. Il revient ici sous l’alias de Drcarlsonalbion et cette fois-ci, contrairement à La Strega And The Cunning Man In The Smoke (2012) où il pouvait être parfois encore accompagné, il avance complètement seul. Ce qui renforce grandement le côté à poil de l’entreprise. Plus personne pour soutenir les arabesques solaires de sa guitare, pour en souligner les méandres et épaissir le tout. Gold, c’est un caillou pelé, une enclave minérale aussi mince qu’un courant d’air, une porte ouverte sur la psyché de Carlson. Creusant sa nouvelle doxa, il s’essaie aujourd’hui à la bande son d’un western allemand qui retrace le périple d’une poignée d’immigrés pendant la ruée vers l’or du Klondike au XIXe siècle. Choix on ne peut plus parfait, l’un poussant l’autre à se sublimer : Drcarlsonalbion n’a jamais été aussi près d’atteindre son but, la totale désintégration le faisant peser encore moins qu’un souffle, le film gagne quant à lui en substance et naturalisme, la musique venant affermir le propos.
C’est que Gold l’OST est indissociable de Gold le film. Si l’album se savoure très bien indépendamment, sa compréhension pleine et entière est beaucoup plus aisée au visionnage du long métrage. Gold est un western sobre, contemplatif et réaliste dont la nature est l’un des acteurs principaux. Loin d’être un sauvage adversaire, elle est surtout incomprise et sous-estimée et c’est bien cette ignorance qui amènera, entre autres, les protagonistes à leur perte. Tout le long du film, la musique de Carlson, au même titre que le silence qui inonde le moindre recoin du western, est l’un des éléments majeurs de mise en valeur de cette nature indomptable et admirable. Les riffs qui s’échappent des six cordes habitent naturellement les images et s’immiscent dans la photographie pour en faire partie, parfaitement à leur place. Ni plus ni moins qu’un élément du décors, ce qui permet de mettre en exergue la beauté évocatrice de la musique de Carlson. Les tempos lents, le frottement des doigts sur les cordes et les gémissements des slides accompagnent à chaque fois une manifestation de la Terre : l’eau d’un torrent, la lumière à travers les branches des arbres, la poussière soulevée par les pas des chevaux. Et même sans regarder les images, en fermant les yeux, on peut se faire une représentation assez fidèle des scènes qu’illustre la musique. Point de redondance pour autant mais une vraie complémentarité qui voit l’image déborder la pellicule et se muer en musique alors même que ces morceaux pelés se décollent des microsillons pour venir danser devant les yeux.
Dans ces conditions, inutile d’en détailler un plutôt qu’un autre puisque Gold s’envisage comme une tout, se regarde et s’écoute d’une traite. Très près de ce que proposait l’association Jarmusch/Young tout en apportant des propositions qui en font bien plus qu’un petit frère, inutile de vous dire que Gold le film et Gold la BO sont deux véritables réussites. Aucun doute qu’au visionnage et/ou à l’écoute, vous aussi, vous y trouverez matière à vous évader et à cogiter tout en vous sentant complètement vivant.
This machine kills le carton-pâte.
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