Le streaming du jour #922 : Kid606 - ’Happiness’
Si l’on vous dit que Miguel De Pedro a décidément plus d’une corde à son arc, c’est surtout la dimension tordue de cette analogie qu’il faut en retenir. Après le breakcore cartoonesque et vicieux des débuts, la techno psychotique, le glitch ambient érudit, le crunk-funk décadent et autres incursions house ou IDM à danser sur la tête dans un buisson d’orties, place donc à la chillwave versant gueule-de-bois nostalgique avec Happiness, hommage à sa Californie d’adoption et célébration d’un bonheur nébuleux renvoyant aux souvenirs idéalisés d’un adolescent des années 80 dont l’innocence se rêve aujourd’hui entre deux virées sous psychotropes.
Depuis leurs brumes synthétiques biberonnées à Tangerine Dream autant qu’à la trance minimale des soirées berlinoises auxquelles le Kid de San Francisco s’était acclimaté ces dernières années ou à la beat scene de Los Angeles où il vit désormais (Tarsier Treehouse flirtant d’ailleurs avec les emballements fébriles du parrain glitch-hop Thavius Beck), les atmosphères de ce nouvel opus préfigurées par le plus sombre Lost In The Game en fin d’année dernière et entérinées par le récent EP Going Back To Kali Yuga n’en résonnent pas moins d’une quiétude salvatrice pour ce beatmaker de tous les excès, qui s’amuse encore au passage de quelques clins d’œil à cette scène rock qu’il ne se lasse pas d’asticoter par jeux de mots interposés, des Red Hot Chili Peppers avec le hachuré Blood Stevia Sex Magik aux Beatles sur le planant et syncopé Happiness Is A Warm Kitten.
Cette fois néanmoins, avec un candidat au titre le plus barré de l’année tel que If I am only allowed one song on the album with cut up female vocals then this song is it, les canons de l’électro hédoniste en prennent également pour leur grade sans aucune posture ironique et si Happiness fait sa soupe dans le même pot que les Neon Indian ou The Field pour brasser large d’une rive à l’autre de l’Atlantique, le background de Kid606 lui permet de capter la lumière sans tomber dans l’extase sans enjeu ou la plate béatitude. En témoignent la progression du très deep et intense Cloud Sculpting ou surtout l’immense Man : The Failed Child dont l’introspection désenchantée semble enfin contempler le futur sereinement et embrasser au gré des distorsions cosmiques son infini de possibilités.
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- TVAŃ - Каюсь ?!...
- Mantris - I'm So Many People
- NLC & Wolf City - Turning shadow into transient beauty
- Nala Sinephro - Endlessness
- Félicia Atkinson - Space As An Instrument
- Jlin - Akoma
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2024 à la loupe : 24 labels
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- Andrea Belfi & Jules Reidy - dessus oben alto up