Top albums - septembre 2013
11 albums pour 9 places, des tops rédacteurs qui partent dans tous les sens, déjà deux sorties pour Crowhurst depuis le bouclage du bilan, Rabbit qui oublie de voter pour Dale Cooper Quartet dans la cohue pensant qu’il est d’octobre, décidément cette rentrée n’est pas faite pour qu’on s’y ennuie !
Les Résultats
1. Cloudkicker - Subsume
"La subsomption désigne une relation hiérarchique entre des concepts dans les logiques de description, nous dit Wikipédia. On pourrait ainsi avancer que le post-metal subsume la musique de Cloudkicker tout comme l’atmosphère générale de ce nouvel album, entre abandon aux éléments et bouffées d’héroïsme aux allures de baroud d’honneur, subsume celles des épiphanies que l’Américain a tenté de capter avec chacun des ces morceaux aux titres évocateurs d’impressions flamboyantes et de potentialités balayées par les vents de la fatalité.
Et pourtant, à l’instar de ces polyphonies de guitares mathématiques bien à l’étroit dans le blouson d’un post-rock à gros son, les émotions évoquées se succèdent et s’emboîtent tout en jouant leur propre partition, accélérant l’amoncellement des nuages noirs à l’horizon en guise d’allégorie du destin en action ou étirant les sensations fugaces de solitude dans la tourmente ou de mélancolie jusqu’à leur donner chair. "It can propel narrative swiftly forward, or slow it down" disait Bernard Herrmann à propos de ce que pouvait accomplir une bonne BO de film, autant dire qu’avec Subsume il ne manque plus que les images.
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(Rabbit)
2. Jesu - Every Day I Get Closer To The Light From Which I Came
Belle position dans ce Top de septembre pour Justin K Broderick avec cette fois un album épuré débordant de cet indescriptible spleen caractéristique du shoegaze de son projet Jesu.
Après un morceau d’ouverture dans la lignée des deux premiers album, Every Day I Get Closer To The Light From Which I Came bride son tempo et en rajoute sur les nappes soniques volatiles.
A la fois typique des délires éthérés du personnage et perfidement ingénu, ce nouvel opus nous charme par un aspect dissimulé chez l’artiste, plus "doux" et rêveur.
Indispensable bien évidemment.
(nono)
3. The Oscillation - From Tomorrow
"Troisième long format pour le Londonien Demian Castellanos qui s’adresse à nous depuis un futur autrefois cauchemardé et désormais perdu dans les limbes d’une imagination dont le gros du rock à guitares s’est depuis trop longtemps laissé déposséder. L’Anglais oscille toujours entre krautrock chauffé à blanc et post-shoegaze incandescent mais sur From Tomorrow les compos gagnent en mordant autant qu’en concision et le magma d’expérimentation se fond cette fois dans la densité recadrée des chansons.
Pour autant, loin d’avoir disparu, les emprunts au dub, au bruitisme, à la musique ethnique ou aux synthés psychotropes de la kosmische musik imprègnent le backgound sonique de chacun des morceaux et si un regain d’efficacité hypnotique se substitue au labyrinthe drogué que constituaient les jams erratiques d’Out Of Phase ou les fantasmagories contrastés du gargantuesque et inégalé Veils, la tension tribale de Corridor Pt. I ou Descent témoigne toujours de cette accointance avec les crescendos enfumés des meilleures formations d’outre-Rhin, à une époque où radicalité et curiosité du public faisaient encore bon ménage."
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(Rabbit)
4. Crowhurst - Memory-Loss
23 musiciens de l’expérimental bruitiste réunis autour de la figure charismatique de Jay Gambit (dont quelques noms déjà évoqués dans nos pages : Black Leather Jesus, Dodecahedragraph, Breakdancing Ronald Reagan...). On sait qui fait quoi mais on ne sait quand : 6 morceaux d’ambient cosmique avec pour seuls points de repère des titres et leur durée, abandonnés au vide désolé d’une ascension spatiale cinématographique guidée par les bruits blancs, les synthés et les field recordings, entre autres...
Autant d’acharnés ensemble, c’est l’assurance d’un disque dévastateur, mais lorsqu’ils s’emploient à défier la gravité, c’est encore mieux ! Jamais noise n’aura été aussi saisissante.
(Riton)
5. Cock & Swan - Secret Angles
"En débarquant chez leur Hush Hush Records local, le duo de Seattle troque sa panoplie d’instruments acoustiques et autres percussions tribales contre une combinaison de spationaute et envoie dans la ionosphère sa dream-pop rêche et cafardeuse.
Le petit groove vintage et volontiers alambiqué de la section rythmique aidant, de même que la voix blanche et envoûtante d’Ola Hungerford, on pense à Broadcast ou pourquoi pas Stereolab mais dans une veine plus contemplative aux drums très en avant, les synthés analogiques de la chanteuse, dans la continuité de l’EP Marshmallow Sunset (2007) en un peu moins lo-fi et un peu plus planant, retrouvant enfin sur ce troisième opus une place centrale dans l’instrumentarium du producteur et batteur Johnny Goss qui en habille les volutes d’effets denses et nébuleux aux gimmicks de guitare discrets."
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(Rabbit)
6. Goldfrapp - Tales Of Us
Depuis l’inaugural et superbe Felt Mountain, on n’attendait plus grand chose de Goldfrapp ou du moins on s’était fait une raison depuis qu’Alison Goldfrapp s’était transformée en égérie disco-pop. Même l’incartade Seventh Tree qui revenait sur les terres originelles du groupe avait toujours un goût amer et désagréable en bouche. C’est donc 13 ans après que Tales Of Us redonne enfin espoir à notre grand étonnement. Au travers de ces comptines alanguies et apaisées, le duo revient sur la pointe des pieds et retrouve la magie simple et introvertie de ses débuts. Si certains ont encore des doutes, il suffit de se plonger les yeux fermés dans Drew qui réussit le parfait exercice d’équilibrisme entre acoustique et orchestration tout en apesanteur et ce avec une réelle grâce et un raffinement suranné et bienvenu. Sur la longueur de cet album, certains morceaux semblent plus anecdotiques mais on ne leur en tient plus rigueur grâce à tant d’autres agréables moments, présents et - on peut y croire de nouveau - encore à venir.
(Darko)
7. 14KT - Nickel & Dimed
"Pour ce deuxième opus au sein du label Mello Music Group, celui qui utilise le pseudonyme de 14KT semble avoir franchi un cap. Si la pochette de Nickel & Dimed présente un joli monticule de Dimes (l’équivalent d’un dixième de dollar) et que le premier titre, Five & Ten, débute par le son de la manipulation de ces pièces, jamais l’artiste ne semblera céder, au cours du disque, à la facilité qui lui permettrait sans doute de transformer ses Dimes en Dollars.
Mêlant des rythmiques extrêmement ancrées dans l’abstract (Toris n’est pas sans rappeler RJD2 tandis que West Coast Errol Flynnin’ semble sortie du One Word Extinguisher de Prefuse 73) à des nappes d’ambient extrêmement dépouillées, l’Américain repousse les limites de ce croisement sur les quinze premières pistes (dont quatorze instrumentales). Par la suite, il se fait plaisir en invitant Blu, Black Milk ou Ozay Moore à poser leur flow sur ses compositions, rappelant ainsi les travaux d’un certain Derek Vincent Smith. Jolie pioche pour le label Mello Music Group qui a décidément le nez creux ces derniers temps."
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(Elnorton)
8. The Rodeo Idiot Engine - Consequences
"Décidément, c’est encore du côté de chez Throatruiner Records qu’il faut lorgner pour se faire essorer la cervelle. Cette fois c’est avec la reprise du flambeau hardcore chaotique par les Basques de The Rodeo Idiot Engine. Déjà coupables d’un Fools Will Crush The Crown explosif, agressif et obscur, cette nouvelle galette relève le défi de nous surprendre sans vraiment nous égarer.
Ainsi, sur Consequences le groupe a un peu ralenti la cadence et se veut plus harmonieux. Une feinte juste destinée à nous prendre en traître et en remettre une couche de temps en temps dans un chaos volcanique. Malgré quelques formules héritées du black metal dont l’objectif est visiblement de consolider la noirceur de cet authentique cabinet de curiosités malsaines, The Rodeo Idiot Engine nous écrase sous trois tonnes de scories brûlantes.
Bref, Consequences est explosif mais cohérent, suffocant mais pas mortifère, … en un mot : étourdissant."
< Avis express >
(nono)
9. Saroos - Return
Post-rock, abstract hip-hop, trip-hop, électronica, Saroos, c’est un peu tout ça. Le trio allemand dont les débuts avaient ému de nombreux membres de notre rédaction et d’ailleurs se voit ce mois-ci consacré pour son magnifique Return, troisième album aux influences industrielles et orientales.
Adoubé par Odd Nosdam et sorti chez Anticon en 2010, See Me Not avait planté les jalons rythmiques d’une discographie bientôt attendue. Ici, Saroos déploie sa puissance visuelle grâce un beatmaking onirique, parfois smoothy, comme sur Tsalal Nights, où la tension dissonante plonge l’auditeur dans une rêverie méditative. Savamment construit, l’album alterne longues plages mobiles et courtes pièces allusives. Certains titres se contentent d’évoquer un horizon, ne sont que des esquisses (Willow, Rhoda), comme des vagues indistinctes qu’aucune grève ne résout (Seadance) et qui tapissent notre imaginaire de paysages lunaires. Des ambiances à la fois urbaines (le beat appuyé et granuleux de Henderson Island) et bucoliques (Morning Way) peuplent ce Return éminemment cinématographique, qu’on recommande chaleureusement à toutes les oreilles rêveuses.
(Le Crapaud)
9. Cezary Gapik - Sketches | #4
"Et de quatre pour la série Sketches du fondeur de plomb polonais, compilation d’inédits qui parviennent à chaque fois par on ne sait miracle de l’agencement à transcender la somme de leurs fleuves de lave en fusion. Les compos cette fois encore remontent à 2010, un cru décidément bouillonnant pour Cezary Gapik dont la présente triplette résonne dans les nuées du dernier volcan d’apocalypse, d’une éruption dont le grondement semble monter des tréfonds de l’abîme pour charrier scories et nuages d’insectes mêlés (Sketch #0478), aux lentes coulées radioactives de son magma corrosif et poisseux (Sketch #0480) pour finalement déboucher sur une ode obsidienne au néant saturé d’acouphènes et de poussière statique (Sketch #0496), tel un Ligeti de l’ère post-atomique."
(Rabbit)
9. Ryuichi Sakamoto + Taylor Deupree - Disappearance
Gracile, minimal et géométrique lors de ses collaborations avec Alva Noto ou plus grave, mélancolique voire dissonant chez Fennesz, le piano de Ryuichi Sakamoto se fait plus erratique, tantôt fragile ou inquiétant au contact des sombres fantasmagories du patron du label 12k qui font la part belle ici aux friches de field recordings vaporeux et autres arrangements hantés sur fond de hiss cafardeux. Préparé ou subtilement désaccordé, l’instrument du Japonais semble ainsi naviguer à vue, perdu ou simplement détaché de la réalité, dans un no man’s land de brume en suspension et d’ectoplasmes texturés sur ce bien-nommé Disappearance, dont les compositions s’effacent peu à peu avec autant de langueur qu’il leur en avait fallu pour s’extirper de la grisaille ambiante jusqu’à trouver, enfin, un peu de lumière voilée au contact des charmes susurrés d’Ichiko Aoba.
(Rabbit)
Les Choix de la rédaction
Darko :
1. Volcano Choir - Repave
2. Agnès Obel - Aventine
3. Goldfrapp - Tales Of Us
4. Okkervil River - The Silver Gymnasium
5. múm - Smilewound
Elnorton :
1. 14KT - Nickel & Dimed
2. Goldfrapp - Tales Of Us
3. Girls In Hawaii - Everest
4. Le Parasite - My Mind Travels Far
5. Mazzy Star - Seasons Of Your Day
Le Crapaud :
1. The Rodeo Idiot Engine - Consequences
2. Esmerine - Dalmak
3. Cloudkicker - Subsume
4. Saroos - Return
5. Bill Calahan - Dream River
leoluce :
1. Cezary Gapik - Sketches | #4
2. Cloudkicker - Subsume
3. The Oscillation - From Tomorrow
4. Arve Henriksen - Places Of Worship
5. Ryuichi Sakamoto + Taylor Deupree - Disappearance
nono :
1. Jesu - Every Day I Get Closer To The Light From Which I Came
2. Cloudkicker - Subsume
3. The Rodeo Idiot Engine - Consequences
4. God Is An Astronaut - Origins
5. Windhand - Soma
Rabbit :
1. Crowhurst - Memory-Loss
2. Stitched Vision - Headland
3. Saroos - Return
4. Arve Henriksen - Places Of Worship
5. The Oscillation - From Tomorrow
Riton :
1. Cock & Swan - Secret Angles
2. Crowhurst - Memory-Loss
3. r.roo - Exist
4. Dale Cooper Quartet & The Dictaphones - Quatorze Pièces de Menace
5. Jesu - Every Day I Get Closer To The Light From Which I Came
Spoutnik :
1. J-Zone - Peter Pan Syndrome
2. Vida Killz - Conversations With You Pt. II
3. 14KT - Nickel & Dimed
4. Danny Brown - Old
5. Le Parasite - My Mind Travels Far
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- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- 2024 à la loupe : 24 labels
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons