Nine Inch Nails - Hesitation Marks
Sa version luxe contient dix-huit pistes dont une interview de quarante minutes et trois remixes : premier album depuis que Reznor avait lâché son Slip en 2008 pour zéro dollar (sans compter The Social Network cosigné en son nom propre avec Atticus Ross tout comme la BO de The Girl With The Dragon Tatoo), Hesitation Marks s’est quand même fait attendre cinq ans.
1. The Eater Of Dreams
2. Copy Of A
3. Came Back Haunted
4. Find My Way
5. All Time Low
6. Disappointed
7. Everything
8. Satellite
9. Various Methods Of Escape
10. Running
11. I Would For You
12. In Two
13. While I’m Still Here
14. Black Noise
Cinq ans de break pour NIN et de collaboration pour son leader aux divers side projects qu’on connait, cinq ans de réflexion aussi sur l’avenir de NIN. Quatorze titres donc pour la version standard et côté production, si la participation d’Atticus Ross et d’Alan Moulder n’a rien de surprenant, on n’en dira pas autant du guitariste de Fleetwood Mac Lindsay Buckingham et encore moins du bassiste Pino Palladino ayant quant à lui flirté avec les Who (depuis 2002), avec Tears for Fears ou encore avec le collectif de soul hip hop alternatif Soulquarians. De quoi éveiller la curiosité, au cas où la seule annonce d’un nouvel album y peinerait.
Si Hesitation Marks ne semble pas puiser dans une veine aussi dark ni aussi énervée que les premiers et mythiques albums de NIN, on constatera que la production est toujours synonyme d’exigence et de qualité. Avec un titre qui renferme une allusion à ’hesitation wounds’ (ces marques à l’arme blanche qu’un suicidaire s’inflige en testant l’arme avant de s’achever), un graphisme signé Russell Mills qui rappelle largement celui de The Downward Spiral , Nine Inch Nails maintient quand même le cap des ambiances sombres et éthérées. Simplement, il le fait d’une façon nettement plus soft, tout en navigant dans des eaux parfois plus pop, parfois plus introspectives, parfois relevées de rythmiques, guitares et basses plus prononcées. L’album a le mérite de démarrer sur un bon enchainement, trois titres qui font probablement partie des plus réussis, Copy of A qui mêle côté synthpop et rythmiques qui claquent, chant clair et posé et montée d’intensité, Came Back Haunted, le titre efficace et bien ficelé qui a servi de teasing avec un clip signé David Lynch, et enfin Find my Way, plus intimiste et posé. On trouve aussi de ces morceaux plus contrastés, progressivement riches en ambiances sonores et en instruments comme I Would for You où se succèdent guitares, chant et notes de clavier (où l’on comprend que son auteur s’en veut apparemment toujours autant : if I could be somebody else… and I could only blame myself…), le tout sur un mode quand même largement adouci.
Au sujet des années sombres (celles de The Downward Spiral ) et de sa sortie du gouffre, Reznor évoque cette impression d’avoir été "un puits sans fond de rage et de haine de moi-même. (…) Ce disque a été écrit comme l’autre face du voyage. Désespoir, solitude, rage, isolement et sentiment d’inadaptation sont toujours présents, mais je peux exprimer tout ça d’une façon plus appropriée par rapport à ce que je suis aujourd’hui" (source : The Gardian).
C’est incontestable, Trent Reznor s’est assagi avec les années, mais le côté pointu et fouillé de ses prods ainsi que sa patte sonore n’ont pas totalement disparu. Il y a indubitablement moins de relief, quelque chose de moins à vif, de plus posé, mais qui ne signifie pas forcément moins pointu ou diversifié. La profondeur de Nine Inch Nails est peut-être à rechercher dorénavant ailleurs que dans sa colère mais plutôt dans cette sempiternelle exigence, et dans la richesse des influences et inspirations que Reznor mêle toujours avec talent pour créer cet univers sonore aussi grinçant que voluptueux. On verra cette nouvelle pierre à l’édifice Nine Inch Nails, un édifice vieux de déjà vingt-quatre ans, comme un apport de taille moyenne plutôt qu’une pièce maîtresse, un peu à l’instar d’un With Teeth (avec une dimension "Upward Spiral"), sachant les fondations indétrônables… Douloureux problème de ceux qui ont déjà inventé. On n’ira pas jusqu’à s’en priver.
Voici donc les albums qui m’ont le plus accompagné, surpris, touché, enthousiasmé et/ou impressionné en cette année finalement pas dégueulasse du tout en terme de sorties, à croire qu’entre les confinements, l’arrêt des concerts et une atmosphère forcément délétère, l’inspiration n’a eu que l’embarras du choix, avec souvent la frustration et l’anxiété comme (...)
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