Le streaming du jour #781 : Collectif Musiques Radicales - ’# 8 : Kalaallit Nunaat’

C’est de quoi tenir 8 jours que propose le streaming du jour. En mettant à l’honneur le Collectif Musiques Radicales, IRM fait la lumière sur une jeune formation qui, en moins d’un an, a pondu plus d’une demi-douzaine d’albums dont la discontinuité stylistique n’a d’égale que sa philosophie. Son nom, comme un manifeste, indique clairement la direction esthétique qu’a décidé d’emprunter ce groupuscule indépendant. Une musique inaccessible à la sensibilité, fille de la contingence et de la spontanéité. Mais il se réfère aussi à une politique culturelle libertaire, en faveur d’une rupture totale avec le système actuel. L’argent, c’est fini ! La professionnalisation de la musique, c’est pourri ! La liberté, l’appropriation de tout, le partage... Voilà le schéma.

Musique concrète, expérimentale, instrumentale, noise, bruitiste, avant-gardiste, l’œuvre du Collectif Musiques Radicales est un peu tout cela à la fois. Mais tout cela est très vague.
La musique concrète porte si bien son nom qu’elle n’est jamais mieux décrite que par elle-même, dans sa réalité immédiate. Elle applique la grammaire sonore du réel pour y puiser la forme de ses incarnations. Elle est par conséquent multiple. Et lorsqu’en plus elle ne se donne aucune borne, on ne la trouve plus dans aucune forme. C’est ainsi que va cette musique, par delà les principes et le déjà donné, vers une mutation perpétuelle.

Formé autour de Nicolas Béhal et Arthur Knoerr, le CMR prône le DIY comme arme d’auto-défense contre les institutions. Un peu situationniste sur les bords, le Collectif se targue d’un "texte fondateur", dont les articles énumèrent les positions jonchant le passage qui, de l’engagement politique, mène à la créativité absurde. Très tôt il proclame : « Le CMR ne reconnaît aucune légitimité aux droits d’auteurs ; lesquels ne sont qu’un des multiples avatars- avorteurs fomentés par l’économie spectaculaire-marchande. Le collectif déclare que quoi qu’il arrive nous finirons tous récupérés », du Guy Debord dans le texte. Plus loin, on peut lire « le collectif se réunit millénairement pour compter ses dix doigts »... est-ce bien sérieux ?

Peu importe, ce qu’il faut, c’est qu’il y ait de la vie. Or, c’est elle justement que la musique du Collectif incarne. La naïveté lunaire de ses matins, l’inconsciente fougue de ses midis, l’impossible sagesse de son âge mûr et la rugosité instable de ses crépuscules. Si Kalaallit Nunaat, leur 8ème album, sans doute le plus abouti, a plutôt la tête dans les nuages, il n’en est pas toujours ainsi avec le CMR. Il y a ces nappes planantes, certes, mais aussi souvent une continuité dodécaphonique en mouvement, qu’on sent inspirée par l’instant, pour des résultats... mitigés. C’est la rançon du hasard. On ne peut pas tout réussir. Sûr que le CMR s’en balance et avance, avec des microscopes, à l’affût d’un langage et au gré des rencontres. On lui souhaite de faire bonne route !

Évidemment, tous les albums sont disponibles sur le site du CMR, en libre téléchargement.


Streaming du jour - 09.06.2013 par Le Crapaud
... et plus si affinités ...
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