Projet du Bisontin Sylvain Bombled, ex batteur/chanteur d’un certain nombre de projets post-punk ou noise du cru lorgnant sur le post-rock ou l’expérimentation à guitares (de Second Rate à Napoleon Solo en passant par Generic), Mayerling a pris le temps de se construire, digérant patiemment les influences diverses et souvent considérées comme antinomiques qui font aujourd’hui de son premier album Cut Up l’un des plus beaux ovnis jamais sortis par le très classieux label Hands In The Dark.

Résolument introspective, la musique de Mayerling frappe d’abord par sa douceur en clair-obscur, celle des claviers analogiques stellaires et cotonneux ou du spoken word de l’ami Fred Debief (Brou de Noix, lufdbf) invité à égrainer ses visions poétiques en intro de Pure As Gold dont les rêveries kosmische se font ensuite plus dynamiques sous l’impulsion de pulsations mécaniques et glacées. Une influence coldwave que l’on retrouve dans la scansion en anglais de Sylvain, citons notamment l’ultra-minimal et hypnotique La Mort N’en Saura Rien jouant avec les réminiscences gothiques de son orgue synthétique sur fond de guitares feutrées et de beats en écho, ou Shaggy Shadows dont la reverb’ brumeuse, les percussions cristallines et autres beats techno assourdis évoquent davantage l’électronica allemande actuelle des graciles Pantha du Prince ou Apparat.

Autant dire que tout ça suffirait amplement à saluer l’émergence d’un univers aussi ambitieux qu’envoûtant mais ne vous y trompez pas, les facettes de Cut Up sont multiples et son côté obscur tout aussi fascinant à l’image de Salomon’s Ring et de son intense crescendo fantasmagorique au chant halluciné, sans parler des 16 minutes d’un morceau-titre aux allures d’épopée onirique dont les songes lynchiens parcourus de bruits étranges et déroutants se muent à mi-chemin en jam martial et psychotrope orchestrant la rencontre du krautrock tribal de Can et d’un violoncelle sorti des profondeurs infernales :