Le streaming du jour #743 : Ultra Zook - ’Epuzz EP’
Du rock synthétique barjo aux couleurs tropicales porté par un trio clermontois sous acide, qui en veut ? Parce qu’il y a ce qu’il faut sur Epuzz, deuxième EP du groupe Ultra Zook sorti en mars sur les labels Gnougn Records et Human Feather. Ça se télécharge par là pour 1 euro minimum, alors servez-vous, il y en a pour tout le monde !
Comme son nom l’indique, Ultra Zook ne se prend pas tellement au sérieux. Ils n’hésitent pas à cumuler synthés kitschs, voix pitchées, textes onomatopiques, beat techno et prog-rock de matheux. À travers leur musique patchwork grisante et délirante, le trio originaire de Clermont-Ferrand crée un univers phosphorescent où l’on imagine aisément des plombiers lilliputiens combattre des dragons cracheurs de muesli. Ultra Zook, c’est le jouet cassé d’un enfant irradié.
Ostensiblement pop, la pochette illustrée par Etienne Lescure emprunte à Keith Haring ses couleurs vives et ses lignes ondulées. Lors de séances d’écoute hallucinogènes, la musique du trio y transparaît par un phénomène de cénesthésie surréaliste. Bien sûr, l’expérience n’est accessible qu’à ceux qui se seront munis de scaphandre et autres détecteurs de métaux.
On parlait d’Electric Electric il y a peu et envisageait une émulation relative à leur influence dans nos contrées indé. On ne sait pas si Ultra Zook en est un rejeton, mais une filiation avec les Strasbourgeois n’est clairement pas impossible. À noter que cet Epuzz sort sur un label (dirigé par Manu Siachoua, guitariste du groupe) qui abrite également le jazz bigarré de Poil et le 5ème et dernier album de Gâtechien. Après Epuz (avec un seul "z" donc), ce nouvel EP prolonge une série qui devrait se clore en triptyque.
Il faut passer l’amusant Yapati Yupata pour atteindre les structures complexes de Pisote ! et Tiramisu. Les timbres se font alors plus riches et la dextérité des musiciens, plus prégnante.
Avec Aluminium C4, on débouche sur un jazz rock spatial et saccadé que les interventions du saxophoniste conduisent vers une apothéose free. Présente sur deux morceaux, la sonorité du cuivre apporte une dimension organique qui biologise opportunément cet ensemble de circuits comprimés.
Si l’ambiance dancefloor véhiculée par les claviers vintage et les beats aux grosses caisses omniprésentes est parfois agaçante, elle est rattrapée par la maîtrise des compositions et la technique des musiciens.
La qualité de l’enregistrement est par ailleurs remarquable et les choix du mixage, en valorisant la texture digitale et compressée des sons, manifestent une direction esthétique efficace et cohérente.
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