Le streaming du jour #733 : Steve Lawson & Daniel Berkman - ’Accidentally (On Purpose)’
Petit retour en arrière jusqu’à début janvier avec cette collaboration rêveuse passée entre les mailles du filet : colloque transatlantique improvisé en une paire de sessions nocturnes par un bassiste électrique transgressif et un multi-instrumentiste rompu aux triturages analogiques, où chacun donne le meilleur de lui-même et provoque le meilleur de l’autre pour parvenir à quelque chose d’unique et d’assez fascinant. Et tout ça en attendant leur prochain opus FingerPainting en cours de finition et une dizaine d’autres concerts-albums à paraître sur clé USB !
D’un côté, on a donc Steve Lawson, un peu l’anti bass-hero à l’inverse d’un certains nombre de bassistes jazz officiant en solo tant la technique se fait discrète chez le Londonien, au service d’une atmosphère et d’un univers personnel qui tiennent autant si ce n’est plus de l’ambient onirique et de l’électronique loopée que du jazz à proprement parler (cf. notre streaming de 11 Reasons Why 3 Is Greater Than Everything il y a deux ans). De l’autre Daniel Berkman, virtuose de la gravi-kora et féru d’instruments atypiques comme du genre d’expérimentations technologiques que lui permettent notamment le drumkit instinctif du Roland Handsonic ou les effets brumeux du Line 6 DL4.
Commençons par faire plus ample connaissance avec ce dernier via les songeries psyché du bien-nommé Feverdreams, ressorti des tiroirs via Bandcamp par le San-Franciscain 15 ans après son enregistrement. Un album au romantisme étrange et tourmenté qui mêle les sonorités intimistes et réverbérées de la kora, parfois déconstruites et recomposées électroniquement, aux nappes plus obscures des synthés ou des drones joués à l’envers entre autres effets nébuleux. Autant dire que le résultat ne fait pas son âge et en particulier le morceau éponyme dont les cascades atonales zébrées de blips acides imaginent la rencontre entre Skúli Sverrisson et Aphex Twin avant de plonger la tête la première dans l’abîme poisseux d’un dark ambient sourd et strident, puis d’en ressortir dans la seconde peau d’un chaman australien en pleine épiphanie :
Le décor planté, on en arrive donc à cet Accidentally (On Purpose), téléchargeable à prix libre sur le Bandcamp de Steve Lawson. Avec ses mélodies en auto-reverse et ses nappes éthérées très Badalamenti/Eno, These Four Hands se pose en manifeste de cette jam session survenue un peu par hasard sur l’entremise d’un ami commun. Aucun des deux musiciens ne connaissait le travail de l’autre avant de se jeter au bain et pourtant le groove cotonneux de Lawson s’associe d’emblée à merveille au picking enchanteur de Berkman sur fond de pulsations étouffées, de percus déstructurées et de vrilles d’effets malmenés.
Plus souterrain mais tout aussi souverain, Pets You Can Keep In The Fridge nous entraîne dans une transe caoutchouteuse émaillée de riffs noisy et d’interférences saturées pour finalement décoller vers l’espace, néant d’apesanteur que semble enluminer de ses arabesques psyché la basse du morceau-titre sur une trame lâche de beats glitchés qui s’emballent sans crier gare pour mieux flâner l’instant d’après. Quant à la conclusion Not Two, But One, elle mue de ballade jazz syncopée en méditation chatoyante et nous abandonne aux remous léchés par le soleil d’un océan de sérénité :
Steve Lawson sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
Daniel Berkman sur IRM - Bandcamp
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