Après Sole hier, c’est au tour de Tom Filepp - qui l’avait invité en 2008 sur un titre frustement mélancolique de l’inégalé Rusty String - de faire des infidélités à Fake Four le temps d’une sortie autoproduite. Dans le cas de Cars & Trains toutefois, il s’agit d’un EP offert au libre téléchargement, faux jumeau du récent We Are All Fire qui en prend le parfait contrepied en privilégiant les instrumentaux glitch-folk aux beats syncopés délicieusement bancals et volontiers lo-fi qu’on lui connaissait à ses débuts, entre deux collaborations avec des MCs du label de Ceschi.

Le patron lui-même, dont on attend toujours le nouvel opus Forgotten Forever chez nos amis de Cooler Than Cucumbers, nous gratifie d’ailleurs de son chant éraillé en compagnie de son frère David sur le fervent Pool Next Door, dont les télescopages électro-acoustiques délicatement baroques donnent le ton de ce We Are All Storms  : bucolique et bricolé (Year That Trembled And Reel’d Beneath), nébuleux et carillonnant (Wait Until Spring), un peu bancal aussi parfois (The River Lethe) voire au bord du work in progress (cf. le final abrupt de Sway Like Grass) mais on ne peut plus revigorant pour les déçus du troisième LP sus-mentionné, dont le lyrisme plus frontal - voire un brin policé diront les mauvaises langues - n’en culminait pas moins sur le minimalisme poignant du parfait Foamy Waves auquel même ces dernières auront sans doute eu bien du mal à résister.

On parlait de Sole, c’est d’ailleurs une drôle de coïncidence que de retrouver Open Mike Eagle, discret aux refrains de l’éthéré Definition Of Slave sur le nouvel album du rappeur de Denver, pour les quelques couplets aussi fantasmagoriques qu’élégants d’un Stay Awake aux synthés troublants, meilleur morceau de cet EP malgré son format pour le moins fulgurant. Quant à Asking, extrait de We Are All Fire, il devient sous l’impulsion de Greencarpetedstairs un drôle d’hymne saturé sous hélium au chant accéléré, quelque part entre Dntel et Odd Nosdam.

Charmant !