Seconde mixtape hip-hop en attendant la troisième partie de notre bilan croisé prévue pour la fin du mois (toutes nos excuses en passant au aficionados) et c’est l’ex rappeur d’U-N-I qui régale avec un aperçu tout relatif de son futur album Blood On Canvas.

La barre était placée haute avec L.A. Riot, concept album qui marquait l’an dernier les 20 ans des émeutes de Los Angeles et brillait par sa cohérence narrative autant que par ses instrus sans concession.

Disons-le d’emblée, tout n’est pas aussi bon sur 517 W Queen Tape et la multiplicité des producteurs se ressent (DJ Dahi, The Flush, THX, Willie B et d’autres encore), mais à l’instar du versatile Great Going Good mi-gothique mi-hédoniste ou du booty rap d’un FNC aux beats très "Neptunesiens" tirés de Heart Pounding Panic, premier opus sorti cet été de l’excellent Ro Blvd régulièrement croisé aux productions d’U-N-I, tout ne figurera pas forcément non plus au générique de ce deuxième essai attendu du MC d’Inglewood.

A dire vrai, si l’ensemble de la mixtape téléchargeable ici s’écoute d’un bout à l’autre sans déplaisir ni grosse faute de goût (à l’exception peut-être du featuring autotuné de Dreamer sur le refrain d’un Sanfransisco qui n’aurait pourtant pas manqué d’efficacité sans ça, ou du clinquant Bitches & Drugs dont l’ironie tombe à plat malgré l’intervention remarquée de Killer Mike), on miserait bien sur les quelques réussites évidentes du milieu de parcours, à l’image de l’ultra-minimaliste Lust For Life armé de synthés très deep et d’une basse funky à souhait, du soulful Keep The Faith avec ses claviers en apesanteur ou de l’aérien Are You Not ? aux arrangements jazzy.

Mais voilà, il y a ce triptyque terminal à couper le souffle, du syncopé Nosey People à la fois très chill et mélancolique à l’éponyme Blood On The Canvas qui change de ton avec son piano dramatique quelque part entre Nas et RZA, en passant, surtout, par l’épique Who Stole My Swim Trunks, morceau de bravoure en roue libre laissant tout le reste deux bonnes longueurs derrière avec ses roulements free, ses riffs blaxploitation et ses versets suintant l’urgence urbaine. Une impression que l’on espère voire perdurer sur le LP qui pourrait voir le jour d’ici la fin de l’année.